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Par David Henry, directeur général, Association des services de réhabilitation sociale du Québec et Daniel Benson, porte-parole, Semaine de la réhabilitation sociale 2022

La réhabilitation est clé pour la sécurité publique

Cette lettre a été publiée dans La Presse le 10 octobre 2022

Lorsque des personnes incarcérées reprennent une place positive dans la société, c’est un succès pour toute la collectivité. Mais malgré un nombre très élevé de réussites, combien de nouvelles entendons-nous en lien avec des personnes qui sortent de prison et qui arrivent à bâtir une famille, trouver un travail, se «refaire une vie»?

Aucune.

Pourtant la grande majorité des personnes judiciarisées qui suivent des programmes et sont soutenues dans leurs démarches par des professionnels dédiés, se réintègrent pleinement dans nos communautés. C’est la preuve que leur réhabilitation a fonctionné. Et même si 97,3 % des personnes en libération conditionnelle ne récidivent pas pendant cette période (rapport de gestion, CQLC, 2021), nous devons encore accroître le soutien et l’encadrement aux personnes contrevenantes en communauté tout en offrant des services de qualité aux personnes victimes.

En cette Semaine nationale de la réhabilitation sociale, nous souhaitons souligner le travail mené par les centaines d’organismes communautaires québécois, qui œuvrent à soutenir ces individus judiciarisés et à briser les préjugés. Un travail exigeant, sans vagues, comme il est souvent le cas pour le milieu communautaire, mais qui a un impact majeur pour le Québec.

Les organismes de réintégration sociale et communautaire : un maillon essentiel

Dans l’ombre, ces organismes vont s’assurer de l’accompagnement psychosocial et de la réintégration au marché de l’emploi des personnes judiciarisées, afin de leur permettre de redevenir des citoyens actifs, de payer des impôts et de contribuer positivement à la société. Ce sont eux qui portent en grande partie le fardeau de l’avenir des personnes judiciarisées, et ce dans des conditions souvent difficiles. Le travail de milieu en est un de terrain, de compétence et d’expérience, qui est appelé à intervenir dans des contextes d’urgence, en faisant souvent plus avec moins, dans des horaires inhabituels et avec des salaires exigus. Il n’y a pas de télétravail dans ce type d’intervention.

Or, le financement instable et la pénurie de main-d’œuvre spécialisée demeurent des enjeux de taille. Le gouvernement québécois a marqué des pas dans la bonne direction dans les derniers mois en offrant son soutien au milieu communautaire. Mais un appui structurant, fondé sur une vision à long terme, permettrait de reconnaître à sa juste mesure l’importance de cette pierre angulaire de notre filet social. La réhabilitation est le seul moyen de réellement protéger nos communautés à long terme, et cette protection passe par des services d’accompagnement et d’encadrement communautaires adéquats : le travail de ces organismes continue bien au-delà de la sentence et des mandats judiciaires.

Briser les préjugés

D’autant plus qu’aider les personnes judiciarisées à se refaire une vie est loin d’être facile. D’une part, un casier judiciaire nuit grandement à la recherche d’emploi et de logement, augmente les primes d’assurances automobile et habitation et limite les déplacements aux États-Unis. D’autre part, le chemin de la réhabilitation est sinueux et exige l’appui autant des professionnels que de la communauté, qui doit faire face à ses propres préjugés. Car les problèmes en lien avec la réintégration sociale se situent aussi dans le regard porté sur les personnes en processus de réhabilitation.

Nous devons prendre conscience qu’à la base, nous ne sommes pas tous partis de la même ligne de départ : le passé familial, la pauvreté, les inégalités dans le système scolaire, l’insécurité alimentaire, les fréquentations, les dépendances ont un ascendant déterminant sur l’adulte que nous devenons. Considérons, par exemple, que 60 % des personnes incarcérées n’ont pas terminé leur secondaire, 39 % ont un membre de leur famille immédiate qui a connu des démêlés judiciaires et 60 % ont déjà été victimes de violence. Le portrait est parlant.

La réhabilitation sociale permet de donner une seconde chance à des personnes qui n’en ont parfois même pas eu une première. Et adéquatement financée, elle permet de protéger nos communautés.


Les personnes suivantes ont signé la lettre d'opinion :

Geneviève Latreille, directrice générale, Maison Joins-toi

Raymond Cotonnec, directeur général, CRC Curé-Labelle

Estelle Drouvin, coordonnatrice générale, Centre de services de justice réparatrice

Annie Charest, directrice générale, L’arrimage

Karine Roby, criminologue, coordonnatrice clinique Maison St-Laurent

Judith Deslauriers, directrice générale, transition Centre-Sud

Stéphanie Tremblay, directrice générale, CRC Joliette

Rémi Bilodeau, directeur général, La Jonction

Julie Delle Donne, directrice, CRC Essor

Merris Centomo, directrice générale, Maison Cross Roads

Candy Desrosiers, directrice générale, Aux Trois Mâts

Richard Gagnon, directeur général, Agence sociale spécialisée de l’Outaouais

Carl Veilleux, directeur général, Société Emmanuel-Grégoire

Steeve Thomassin, directeur général, Maison de transition de Montréal

Joannie Richard, coordonnatrice clinique programme de surveillance communautaire, CRC Joliette

Marie-Ève Théberge, directrice générale, Auberge sous mon toit

Paul Robitaille, directeur général, Maison l’Intervalle

Nicholas Gildersleeve, directeur général, La Halte du Coin

Daniel Bellemare, directeur général, Maison Radisson

Patrick Pilon, directeur général, Réhabex et programme jeunesse IDJE

Bruno Paré, directeur des opérations, Centre de main d’œuvre OPEX

André Maillard, coordonnateur des Cercles de soutien et de responsabilité du Québec

Chantal Lessard, directrice générale, CRC ATNQ

Luc Bellemarre, directeur général, Maison Jeun’aide

Diane Tremblay, directrice générale, CRC Le Pavillon

Marcelle Thibaudeau, directrice générale, Services parajudiciaires autochtones du Québec

André Bonneau, directeur général, CRC Roberval

Daniel Poulin-Gallant, criminologue, directeur Alter Justice

Luc Gagnon, Directeur général, Corporation Maison Charlemagne

Patrick Michaud, Directeur développement organisationnel, Corporation Maison Charlemagne

Marie-Claude Landry, Directrice, CRC Maison Charlemagne & Agence communautaire Maisonneuve

Luciana Lima, Directrice, CRC Résidence Madeleine-Carmel

Maryse Paré, Directrice Employabilité et Itinérance, YMCA du Québec

Samira Figuigui, directrice générale, Société John Howard du Québec

Martin Bélanger, directeur général, CHC Le répit du passant

Yves Paradis, directeur général, Centre d’intervention en délinquance sexuelle (CIDS)

Valérie Maltais, directrice générale, Association canadienne pour la santé mentale, section Saguenay

Benoît Robineau, directeur général, Service d’intégration au marché du travail de la Montérégie

France Bouffard, directrice générale, Maison Eurêka

Lorraine Michaud, directrice générale, CRC Arc-En-Soi

Ingrid Flécheux, directrice, Entrée chez soi Brome-Missisquoi

Ruth Gagnon, directrice générale, Société Elizabeth Fry du Québec

Annie Morel, directrice générale, Service d’aide en prévention de la criminalité

Marie-Claude Coudé, directrice générale et clinique, Pavillon L’Essence Ciel

Jean-François Cusson, directeur général, CRC Carpe Diem

Mylène Castonguay, directrice générale, L’Orienthèque

Claire Roberge, presidente de Programme Addiction Outreach

Christine Lamarche, directrice générale, Maison Painchaud

Mitchell Bennett, criminologue, directeur clinique, Maison Painchaud

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