L’Association des services de réhabilitation sociale du Québec est un organisme à but non lucratif qui a été fondé en 1962 grâce à l'initiative de quatre agences d'assistance postpénales : la Société d'orientation et de réhabilitation sociale (Montréal), la Société John Howard du Québec (Montréal), le Service de réadaptation sociale (Québec) et la Catholic Family Rehabilitation Services (Montréal).
Elle a été créée en vue de « grouper dans la province de Québec les services sociaux génériques et/ou spécialisés intéressés à la réadaptation sociale du prisonnier et du délinquant des deux sexes ».
La mise sur pied d'un tel regroupement de services spécialisés dans le domaine de l'intervention auprès de la clientèle judiciarisée adulte est intervenue à la suite du développement d'agences de services sociaux d'abord constituées comme œuvres de charité pour se «professionnaliser» durant les années 40 et 50. Du côté de l'état, 1959 voit l'adoption d'une loi qui met en place la Commission nationale des libérations conditionnelles et les règles régissant l'octroi de libérations conditionnelles.
Dans cette foulée, dans les années 60, l’ASRS et ses agences spécialisées joueront un rôle primordial afin de concrétiser un des aspects de la nouvelle vision sociale de la délinquance, soit celui de l'importance de la réinsertion sociale de l’ex-détenu. Outre le développement de nouveaux services au niveau fédéral, cette action mène à la création, à la fin de 1967, du Service de probation pour adultes par le gouvernement du Québec.
Les années 60 et 70 auront été une période d'effervescence et d'expansion dans le domaine de la justice pénale et des services correctionnels en particulier. Le baby-boom aura - comme dans d'autres secteurs d'activité humaine - provoqué une explosion du nombre de personnes se retrouvant devant les tribunaux et dans les systèmes correctionnels. Ce phénomène, ainsi que l'utilisation grandissante de mesures de réinsertion sociale des délinquants, ont mené au développement, durant les années 70, de centres d'hébergement situés dans la communauté et gérés par des citoyens issus de ces dernières, connus sous le vocable de centres résidentiels communautaires (CRC), ou maisons de transition.
En même temps, les principales agences sociales ayant été au cœur de la fondation de l'Association des services de réhabilitation sociale (sauf pour le Service de réadaptation sociale à Québec) sont intégrées dans le secteur naissant des organismes parapublics connus sous le nom de centres de services sociaux. Cela mènera à plus ou moins brève échéance à la disparition de ces agences et à un réalignement majeur du membership de l'Association où les CRC et les services d'aide à l'emploi prennent de plus en plus de place.
Le fonctionnement interne de l'ASRS doit lui aussi évoluer afin de rencontrer de nouvelles demandes de service et de nouveaux défis. C'est ainsi que, d’un secrétariat temporaire constitué d'administrateurs bénévoles, on passe en octobre 1978 à un secrétariat permanent composé de deux employés : un directeur général, M. Reneault Tremblay, et une secrétaire à temps partiel.
De plus, une nouvelle orientation se précise : une tendance vers le développement et la consolidation de services à caractère communautaire plutôt qu’institutionnel tout en précisant la collaboration entre ceux-ci et les organismes publics. C’est ainsi que l’ASRS négocie au nom de ses membres son premier contrat avec le gouvernement fédéral. Il comprend des clauses monétaires et des annexes qui définissent les procédures relatives à l’évaluation communautaire et les normes de surveillance. Cette négociation se concrétise par la signature d’un contrat de service pour 25 de ses organismes appelés à cette époque « agences sociales ». L’action de l’ASRS se fait sentir durant ces années notamment par la présentation de mémoires, la production de recherches sur les services et l’organisation de comités d’étude.
À la fin des années 70, l’ASRS forme un comité dont les travaux débouchent sur la formulation d’un énoncé de philosophie axé sur les besoins, le rôle et l’apport de la communauté. L’ASRS est alors en période de développement : elle recrute de nouveaux membres et ses administrateurs consolident sa structure organisationnelle.
1. Les caractéristiques des membres
Tenant compte des caractéristiques de chacun des membres et du rôle joué par le secteur gouvernemental, nous croyons que les cinq caractéristiques suivantes doivent servir de guide à l’orientation de notre association.
a) Les organismes regroupés à l’ASRSQ œuvrent au sein de la communauté en utilisant les ressources des membres qui les composent et en se définissant comme des instruments pour cette communauté.
Nous posons comme principe de base que la communauté a un rôle à jouer face au délinquant et face au phénomène de la délinquance. Trop longtemps le secteur privé a été absent de ce domaine.
L’orientation et l’implication communautaire diffèrent d’intensité et de forme d’un organisme à l’autre mais toutes deux sont présentes dans chacune des organisations.
b) Les organismes regroupés à l’ASRSQ constituent des agents de changement à l’intérieur du secteur correctionnel. Leurs services sont définis en fonction des besoins de l’individu et de la collectivité. De plus, ils favorisent une approche visant à remettre au délinquant la responsabilité des gestes qu’il a posés.
c) Ces organismes font preuve d’une plus grande flexibilité et d’une meilleure capacité d’adaptation que les services gouvernementaux. Cette caractéristique découle de la présence de bénévoles dans l’administration de ces organismes et de la dimension réduite de ces organismes.
d) Malgré la diversité de rôle, les organismes concernés exercent leurs fonctions de façon complémentaire. Une plus grande coordination permettrait d’accroître cette responsabilité. Pour y parvenir, les membres de l’ASRSQ auraient avantage à mieux préciser le rôle qu’ils jouent dans le secteur correctionnel. L’ASRSQ constitue une excellente occasion de décloisonnement et de partage.
e) Bien que la clientèle soit souvent la même que celle desservie par les organismes gouvernementaux, les méthodes d’approche sont différentes. Ces organismes ont des services structurés, des objectifs définis et un plan d’action. De plus, ils font davantage preuve d’innovation et de créativité dans les solutions à apporter au problème de la délinquance.
Le secteur gouvernemental profite nécessairement des initiatives fructueuses du secteur non gouvernemental. Toutefois, l’interaction entre ces deux secteurs pourrait être améliorée en définissant mieux le rôle de chacun de ces secteurs.
2. Les principes de base
a) L’ASRSQ privilégie l’implication et la participation de la communauté face au problème individuel et collectif de la délinquance, dans le but d’amener le délinquant et la communauté à prendre leurs responsabilités face au problème de la délinquance.
b) Les besoins identifiés chez l’individu et dans son milieu doivent orienter l’action des organismes non gouvernementaux.
c) La flexibilité et l’adaptation notées chez ces organismes doivent être maintenues et encouragées et le secteur non gouvernemental doit chercher à accroître son autonomie, en recherchant une délimitation plus précise de son rôle face au secteur gouvernemental.
3. Les objectifs
a) Regrouper au niveau provincial les organismes et associations œuvrant dans le secteur correctionnel non gouvernemental.
b) Inciter les organismes membres à :
c) Se faire le porte-parole de ces organismes dans toute action visant à :
d) Favoriser de plus en plus la création de ressources issues de la communauté.
e) Se faire le garant du respect par les gouvernements des droits des délinquants et de la communauté en matière de délinquance.
f) Être un agent provocateur de changement et d’évolution constante.
g) Encourager les projets de recherche visant à évaluer l’impact des programmes mis de l’avant par les organismes membres.
Au début des années 80, afin de distinguer les services offerts de ceux du secteur public, l’Association et ses membres adoptent en mars 1982 un énoncé de principes intitulé « Le Partnership ». Il s'agit d’un « accord entre l’État et le secteur communautaire au niveau de la conception des politiques et orientations générales, de la planification des programmes, de l’évaluation du fonctionnement et des résultats obtenus ».
Cette notion de partenariat évolue et est mise à jour en 1987 par le conseil d’administration de l’ASRS. Vers la même époque, l'Association délaisse sa charte corporative provinciale pour être incorporée en vertu des lois fédérales et devient l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ). Ce changement permet de consolider la position de l'organisme en tant qu'association nationale du secteur volontaire au Canada.
Par la suite, l’ASRSQ poursuit la prestation de services à ses membres et la consolidation de sa position sur l’échiquier politique, tant au niveau provincial que fédéral. Outre la création de son site internet, les communications internes et externes sont renforcées et l’Association développe des outils permettant d’améliorer la réponse de ses porte-parole en cas de crise attirant l’attention des médias, de même que la réponse aux demandes - de plus en plus nombreuses - du public. De plus, un programme de formation adapté aux besoins des intervenants et des gestionnaires du réseau communautaire est mis en place. Finalement, l’entrée en vigueur de la Loi sur le système correctionnel du Québec en février 2007 consacre le fait que les organismes communautaires actifs en matière de justice pénale sont dorénavant reconnus par la loi comme partenaires à part entière des institutions publiques du Québec. Depuis le début des années 2000, l’ASRSQ s’intéresse particulièrement à la question du casier judiciaire. En 2006, l’Association a amorcé une collaboration avec le Comité consultatif pour une clientèle judiciarisée adulte (CCCJA) visant la sensibilisation aux impacts du casier judiciaire.
Une foule d'informations utiles en lien avec le milieu correctionnel québécois, la criminalité et le système judiciaire.
En savoir plus