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Despair politics (part 2)

Tous les commentateurs en matière de justice pénale, sauf exception, s'entendent sur l'absurdité du projet de loi C-53 faisant en sorte que certains meurtriers ne pourront plus demander de libération conditionnelle. Beaucoup de raisons ont été évoquées pour souligner que ce projet de loi ne servira pas à renforcer la sécurité de nos communautés :

  1.  Le gouvernement n'a pu citer aucun cas où, si la loi avait été en vigueur, une récidive aurait pu être prévenue. La majorité des personnes condamnées à la perpétuité ayant obtenu une libération conditionnelle respecte les conditions de mise en liberté et demeure sous le coup de conditions jusqu'à la fin de leurs jours. La Commission des libérations conditionnelles n'octroie pas de libération conditionnelle aux délinquants jugés dangereux et à risque.
  2. Rappelons qu'un détenu fédéral coûte en moyenne 117 788$ par année aux contribuables. Ce projet de loi entrainera des coûts financiers importants.
  3. Les agents correctionnels, si le projet de loi est adopté, auront à faire face à des détenus « qui n'ont plus rien à perdre », augmentant ainsi les risques de violence en établissement.
  4. L'objectif de réhabilitation demeure comme finalité de la peine dans notre système de justice et est complètement évacué à l'intérieur de ce projet de loi.

Tous les commentaires et opinions entendus au cours des derniers jours ont omis de relever le fait que ce projet de loi et le rationnel utilisé pour le défendre contient un désaveu important d'une institution comme la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC). En effet, le projet de loi prévoit que la personne détenue pourra, après 35 ans, faire une demande de libération directement auprès du ministre de la Sécurité publique et la décision sera prise par le Conseil des ministres. La CLCC vient donc d'être abolie et nous revenons à une époque où le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire sont entremêlés. Nous revenons au temps d'une justice quasiment royale où le Ministre qui a désormais remplacé le Roi, prend une décision presque de vie ou de mort sur un citoyen. La CLCC a justement été créée, entres autres, pour retirer du pouvoir politique (prérogative royale de clémence) des décisions de justice. Jusqu'à présent les politiques pénales du gouvernement fédéral nous ramenaient aux années 90 du modèle américain (modèle d'incarcération de masse qui d'ailleurs n'a pas fonctionné aux É-U et ils sont en train de se tourner vers des modèles axés sur la réhabilitation) mais avec ce projet de loi, nous revenons bien plus loin en arrière, à l'âge des ténèbres.