Maria, le 15 février 2023 — Faute de personnel, la seule maison de transition de la Gaspésie
devra fermer ses portes le 31 mars prochain. L’Association des services de réhabilitation
sociale du Québec (ASRSQ) joint sa voix à celle du Centre résidentiel communautaire (CRC)
L’Arc-en-Soi, situé à Maria, pour exprimer son inquiétude quant aux enjeux criants de maind’oeuvre
qui amputent les communautés d’un filet social d’une grande importance, et ce, partout
au Québec.
« La Gaspésie n’a pas les moyens de perdre une ressource comme l’Arc-en-Soi à Maria. Les
personnes contrevenantes qui désirent se reprendre en main devront s’éloigner de leur famille
et de leur milieu, et déménager à Rivière-du-Loup, Québec ou en Beauce. Leur démarche de
réhabilitation pourra en être grandement affectée, et ils devront recommencer tout le processus
de recherche d’emploi lorsque viendra le temps de retourner chez eux », affirme la directrice
générale de l’organisme, Lorraine Michaud.
Le centre résidentiel communautaire de Maria travaille depuis près de 15 ans avec les services
correctionnels québécois et canadiens en offrant des services de réhabilitation sociale et un
programme en toxicomanie. Fermé temporairement depuis un an par manque de main d’œuvre,
il ne parvient toujours pas à recruter le personnel nécessaire, et ce, malgré les
nombreuses tentatives de recrutement et le soutien d’une firme spécialisée en ressources
humaines. Le manque de logement et les conditions d’emploi font partie du problème.
« Nos membres sonnent l’alarme : la pénurie de personnel spécialisé et les conditions de travail
non compétitives par rapport au système public menacent la pérennité du réseau
communautaire. Pourtant, ces maisons de transition permettent aux personnes judiciarisées de
s’investir dans un véritable processus de réintégration sociale, avec le soutien d’équipes de
professionnels », déclare David Henry, directeur général de l’ASRSQ, dont les membres
assurent des services d’encadrement, de surveillance et d’accompagnement auprès de plus de
35 000 personnes contrevenantes adultes au Québec par année.
Le soutien des organismes communautaires a un impact majeur sur la capacité de ces individus
à (re)devenir des citoyens actifs, qui contribuent à la collectivité. En fait, au sortir d’un
établissement de détention, ces personnes peuvent se retrouver déconnectées du monde, et en
rattrapage à grande vitesse, autant dans leurs comportements que dans les compétences à
acquérir pour exercer un métier.
Les maisons de transition, un outil indispensable à la société québécoise
La réhabilitation est l’une des seules façons d’offrir aux personnes judiciarisées un tampon
entre le milieu carcéral et le retour à la vie normale. Des organismes comme les maisons de
transition leur offrent des services d’accompagnement et d’encadrement communautaires
professionnels et adaptés.
Et pour la société, iI est beaucoup moins coûteux d’assurer l’encadrement d’un individu dans la
collectivité qu’en incarcération. En détention fédérale, cela coûte à l’État 120 589 $/année mais
seulement 32 037$ par année en communauté. De plus, 70 % des résident(e)s de ces centres
se trouvent un emploi pendant leur séjour et contribuent à nouveau à l’économie du pays.
Mais, comme pour l’ensemble du milieu communautaire, la pénurie de personnel affecte
gravement la pérennité des organismes en réintégration et leur capacité à maintenir une offre
de service en adéquation aux besoins de la population desservie.
Par exemple, selon un sondage mené par l’ASRSQ auprès de ses CRC membres à l’automne
dernier, 89 % des employé(e)s des maisons de transition quittent pour des raisons salariales, et
plus de la moitié du personnel (54 %) a changé au cours des deux dernières années. Notons
qu’il y a un écart salarial de 29 % avec le système public pour des postes qui exigent les
mêmes qualifications académiques. Pour plus de la moitié (56 %), il est impossible d’offrir, aux
postes cliniques indispensables (conseil, coordination, animation), un salaire compétitif avec le
marché du travail actuel de la fonction publique.
« Le gouvernement a marqué des pas dans la bonne direction dans les derniers mois en offrant
son soutien au milieu communautaire. Mais un appui structurant, fondé sur une vision à long
terme, permettrait de reconnaître à sa juste mesure l’importance de ce soutien dans notre filet
social » de conclure, M. Henry.
À propos de l’ASRSQ
L’ASRSQ regroupe plus de 70 organismes communautaires à but non lucratif oeuvrant auprès
de personnes ayant des démêlés avec la justice. Parmi ces organismes travaillant à la
promotion de la prévention du crime par le développement social, on retrouve des maisons de
transition, des services d’employabilité, des organismes de suivi et d’accompagnement, des
services spécialisés en délinquance sexuelle, en santé mentale et en toxicomanie, des
programmes de travaux compensatoires, etc. L’ASRSQ supporte et encourage la participation
des citoyens dans la prise en charge des problèmes reliés à la justice. www.asrsq.ca
À propos de L’Arc-en-Soi
Le Centre résidentiel communautaire Arc-en-Soi c’est deux maisons de transition situées à
Rivière-du-Loup au Bas-Saint-Laurent et à Maria en Gaspésie. Il accueille les personnes
contrevenantes majoritairement de ces deux régions afin de favoriser progressivement leur
réinsertion et leur réhabilitation sociales ainsi que leur intégration communautaire, en tenant
compte des particularités de chacun. Il offre un milieu de vie chaleureux et stimulant, un
encadrement professionnel et thérapeutique, ainsi que des services adaptés aux besoins des
personnes judiciarisées. www.arcensoi.ca
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Contact :
Camilla Sironi
Agence Lumina
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