Porte Ouverte Magazine

Les cercles de soutien et de responsabilité

By Jean-François Cusson,
ASRSQ

Une association de justice réparatrice au Québec : Réflexion, pratiques réparatrices et réseautage

La mise sur pied d’une organisation québécoise en matière de justice réparatrice a cours présentement au Québec. L’idée d’une telle association a pris forme il y a quelques années, alors que l’on vivait un engouement certain pour la justice réparatrice. Lors de cette période, de nombreux milieux ont manifesté le désir de développer des initiatives qui s’en inspirent. Également, plusieurs personnes regrettaient l’absence de lieu de discussions régulier pour échanger sur les pratiques réparatrices. Trop souvent, la justice réparatrice est un thème que l’on ne discute qu’annuellement, lors de certains événements (Semaine de la justice réparatrice, colloques, etc.) qui permettent la rencontre de plusieurs professionnels et de plusieurs réseaux. Il fallait donc trouver une façon de donner suite aux discussions qui se tiennent lors de ces occasions. C’est ainsi que l’idée est venue de créer un lieu d’échanges qui favoriserait la progression de la justice réparatrice au Québec. De plus, une telle initiative permettrait la collaboration de réseaux qui n’ont pas nécessairement l’habitude de se côtoyer.

Plus concrètement, c’est à l’été 2006 que des rencontres ont été tenues afin d’évaluer la pertinence de créer un tel lieu de discussions et d’échanges. Dès le début de celles-ci, on remarquait déjà le désir de réunir, à la même table, des personnes qui proviennent de milieux variés (correctionnel, justice alternative, victime, communautaire, aumônerie, universitaire, judiciaire, etc.).

Une conception commune de la justice réparatrice?

La réunion de ces organismes, afin de favoriser l’essor de la justice réparatrice, est un exercice fascinant qui exige de chacun une bonne dose d’ouverture et d’humilité. D’ailleurs, la présence autour d’une même table d’organisations ayant des missions différentes représente un défi en soi. Chacun ayant sa propre conception de la justice réparatrice, il devient alors difficile d’en arriver à l’adoption d’une définition commune. Cette diversité amène aussi des débats animés visant à tenter de départager les initiatives dites réparatrices de celles qui ne le sont pas. Il s’agit là d’une situation propice aux frictions qui aurait pu mener à l’abandon de certains participants.

Toutefois, le profond engagement et la conviction de chacun envers la justice réparatrice ont permis l’amorce d’une réflexion commune visant à jeter les bases d’une association québécoise. Déjà, on assistait à l’application, au sein du groupe, des valeurs véhiculées par la justice réparatrice. Le désir de favoriser une justice satisfaisante pour tous et la participation maximale des communautés au règlement des différends ont permis de rallier les participants dans l’atteinte d’objectifs communs.

Pour soutenir les discussions et permettre des échanges encore mieux éclairés, il a été convenu d’entreprendre une démarche qui permettrait à chacun d’approfondir sa compréhension de la justice réparatrice. Ainsi, il serait plus facile de discuter à partir de références communes. Cette démarche a suscité des discussions parfois corsées, mais très honnêtes, autour des véritables enjeux de la justice réparatrice. C’est ainsi qu’il a été possible pour les participants de mieux se connaître et de réaliser la complémentarité de leur milieu.

L’importance de la médiation

En matière de justice réparatrice, le milieu francophone attache une importance particulière à la médiation. Alors que la justice réparatrice apparaît comme un concept un peu flou, la médiation semble plus claire et mieux définie. Puisqu’elle permet de rejoindre encore plus d’organismes et de professionnels, il a été choisi d’intégrer le concept de médiation dans le nom de l’association.

Il faut savoir que l’Association québécoise de justice réparatrice et de médiation n’est pas encore légalement constituée et que le processus de réflexion préalable à son incorporation reste à compléter. Plutôt que de bousculer son développement, les membres qui sont à l’origine de sa création préfèrent, pour l’instant, demeurer prudents et travailler à ce que ses bases puissent être suffisamment solides avant de promouvoir ses activités et étendre son action.

Une première activité

L’organisation du Symposium qui se tiendra à Montréal, les 20 et 21 novembre 2007, dans le cadre de la Semaine de la justice réparatrice que tient annuellement le Service correctionnel du Canada, est la première activité officielle de l’Association. Son organisation s’est déroulée peu après qu’aient commencé les travaux de réflexion visant la création de l’Association. Il faut donc s’attendre à ce que les enjeux et débats rencontrés lors de cet exercice transparaissent lors du Symposium.