Revue Porte Ouverte

50 ans de criminologie au Québec

Par Jean-Yves Roy,
Gestionnaire, relations avec les médias

et Jean-François Cusson,
Coordonnateur, liaison avec la collectivité, Service correctionnel du Canada, région du Québec

50 ans de criminologie au Québec : impacts sur le Service correctionnel du Canada au Québec

Le Service correctionnel du Canada (SCC) est fier de contribuer à cette édition spéciale qui souligne le cinquantième anniversaire de la criminologie au Québec. Nos rapports avec l'École de criminologie de l'Université de Montréal (UDM) et avec la Société de criminologie du Québec (SCQ) sont fructueux et mutuellement profitables. La SCQ offre au SCC une plateforme intéressante de rencontre avec ses partenaires de justice pénale, incluant les policiers, juristes, sociologues, psychologues et intervenants auprès de la jeunesse et ce lien nous aide à remplir notre mandat de protection de la société et de réhabilitation des délinquants. Quant à l'École, souhaitons que cet article saura illustrer à juste titre la qualité de nos rapports. Bien que le présent texte s'attarde à la contribution des criminologues au SCC, région du Québec, tous les groupes d'emploi et toutes les spécialités pourraient bien faire l'objet d'une même attention de notre part et d'une même reconnaissance.

C'est au début des années 1960 que le SCC, région du Québec, a accueilli ses premiers criminologues. Ils étaient finissants de l'École de criminologie de l'UDM, fondée en 1960 et première au Canada. L'arrivée de ces nouveaux professionnels a donné lieu à des refontes majeures que nous allons évoquer ici à l'aide de témoignages de trois grandes figures, qui ont laissé une marque dans notre organisation au terme de carrières reluisantes, et de deux gestionnaires toujours actives. Leurs propos apportent un éclairage particulier sur l'évolution du SCC, nous voulons cependant indiquer qu'ils sont de nature personnelle.

Nous vous les présentons :

Guy Lemire

Diplômé de l'UDM (Criminologie) À l'emploi du SCC de 1963 à 1978, notamment comme directeur à Cowansville. Il enseignera ensuite à l'École et en deviendra le directeur entre 1995 et 2001.

Jean-Claude Perron

Entré au SNLC en 1967, deviendra sous-commissaire régional du SCC de 1985 à 1997.

Guy Villeneuve

Entré au Service national des libérations conditionnelles (SNLC) en 1970, sera ensuite directeur dans trois pénitenciers et sous-commissaire adjoint aux Opérations pour la région du Québec.

Johanne Vallée

Détentrice d'un baccalauréat en sociologie (Ottawa) et d'une maîtrise en criminologie (UDM), directrice de l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ) pendant 18 ans, ensuite sous-ministre associée responsable des Services correctionnels du Québec (SCQ), puis sous-commissaire pour les femmes au SCC et maintenant sous-commissaire de la région du Québec.

Sylvie Brunet-Lusignan

Une des premières femmes criminologues au SNLC, maintenant administratrice régionale de la Réinsertion sociale et des programmes, a déjà été directrice intérimaire de l'Établissement Sainte-Anne-des-Plaines.

Les débuts

Le Service correctionnel, même en 2011, n'offre pas de postes de «criminologues». Dans les années 1960, le Service canadien des pénitenciers (SCP) et le Service national des libérations conditionnelles (SNLC), alors deux organismes distincts, ont engagé des criminologues pour remplir, respectivement, des fonctions d'agents de classement et d'agents de libération conditionnelle, c'est-à-dire des spécialistes chargés d'accompagner les délinquants tout au long de leur cheminement dans le système correctionnel en vue de leur réinsertion sociale.

Un des premiers criminologues embauchés dans un pénitencier, Guy Lemire raconte ainsi ses débuts, en 1963, à Saint-Vincent-de-Paul : «Il y avait déjà des travailleurs sociaux et des psychologues, mais les criminologues étaient rares. À l'époque, la prison se résumait en un numéro de matricule et à une relation de pouvoir entre gardiens et détenus. Nous étions perçus comme des gens ayant une vision différente de la prison et qui entretenaient une relation particulière avec les détenus. On disait des agents de classement qu'ils étaient les anges gardiens des détenus.»

Rapidement, les criminologues prennent de plus en plus de place dans les établissements et instaurent une approche axée sur le soutien des détenus. C'est au Québec que les criminologues arrivent d'abord en si grande force dans le système correctionnel canadien, car l'École de criminologie de l'UDM, encore la seule au pays, prônait une approche multidisciplinaire, axée sur l'intervention.

«Dans des réunions nationales, le Québec se démarquait des autres régions car il était seul à aligner des criminologues, explique M. Lemire. Les gens étaient formés spécifiquement pour travailler avec des détenus, pour les évaluer, pour les suivre et les aider, alors que dans les autres régions, les psychologues et les travailleurs sociaux avaient une formation beaucoup moins orientée vers l'individu criminalisé.»

Un tournant

En plus de recevoir ces nouveaux contingents de professionnels, le Service canadien des pénitenciers vit aussi un changement de garde. On ne parle plus d'un système militaire. Dans ce contexte administratif différent, les criminologues contribuent à la mise en place de mesures nouvelles. On assiste aux premiers projets communautaires, au bénévolat par des détenus à l'extérieur et à la création des unités résidentielles. Les libérations conditionnelles sont à la hausse.

On a besoin de plusieurs perspectives pour com-prendre et intervenir. Les criminologues, sur le plan professionnel, ne sont pas excellents dans un domaine unique; ils sont bons dans plusieurs choses.

Survient alors, en 1975, l'intégration du SPC et du SNLC en un seul organisme qui deviendra le SCC. Cette période marque, selon nos observateurs, un tournant majeur pour les criminologues au Service.

«L'intégration a provoqué tout un changement, à tous les niveaux, se rappelle Jean-Claude Perron. Ma petite organisation du SNLC comptait 250 employés, à peu près tous diplômés universitaires, et elle s'unissait à une organisation de près de 3000 employés dirigée majoritairement par des ex-militaires. Deux philosophies se confrontaient où la sécurité et la rigidité côtoyaient une grande ouverture sur la communauté et la participation de celle-ci par l'intermédiaire des organismes à but non lucratif comme les centres résidentiels communautaires (CRC) et les agences sociales dédiées à la réinsertion des délinquants. L'arrivée en masse de criminologues à tous les échelons du SCC a eu un impact magistral sur le système au point qu'il n'était plus reconnaissable après quelques années. La professionnalisation des agents de gestion de cas et l'ouverture des gestionnaires vers la communauté ont permis de faire connaître le milieu pénitentiaire à beaucoup plus de personnes en organisant, par exemple, des journées portes-ouvertes. Le développement des programmes de libérations de jour et les programmes communautaires dans des industries, sur des fermes et dans des foyers pour personnes âgées et handicapées ont aussi permis de sensibiliser le public.»

Au SPC, il y avait déjà un certain nombre de criminologues. Après la fusion, la tendance s'est confirmée. Pour des postes d'agents de classement ou par la suite d'agents de libération conditionnelle (ALC) et d'agents de gestion de cas, ce que l'on cherchait, c'était des criminologues. «Bien sûr des sociologues sont passés au travers des mailles, quelques diplômés en histoire, quelques sexologues», blague Guy Villeneuve.

MM. Perron, Lemire et Villeneuve s'accordent pour dire que cette intégration s'est faite sans heurt pour les criminologues. Et même mieux… ils se sont emparés des postes de gestion!

«Au fil des ans, tous les postes de superviseurs et de directeurs de bureaux des libérations conditionnelles ont été occupés par des professionnels diplômés. Lors de l'intégration, la petite organisation a eu beaucoup d'influence sur la grande. Grâce à l'augmentation du nombre de criminologues, la majorité des postes de gestion a été attribuée à des gestionnaires venant de la communauté. Par la suite, nous avons même exigé des diplômes universitaires pour combler tous les postes de gestion au SCC. Il en fut de même pour les postes d'agents correctionnels», dira Jean-Claude Perron.

Sylvie Brunet-Lusignan, également issue du SNLC où elle agissait comme agente de libération conditionnelle, partage cet avis. «Notre formation nous a mené à bien comprendre les milieux fermés et ouverts de même que les grands courants. Nous avons donc influencé la manière dont l'organisation s'est réorientée.»

Ainsi, des criminologues ont atteint des postes de directeurs d'établissements, de sous-commissaires régionaux, et même de commissaire du SCC. Ce fut le cas de Lucie McClung (2000-2005), qui provenait de la région du Québec.

Pour M. Lemire, cette touche de gestionnaire que l'on reconnaît aux criminologues tient à leur large vision. «On a besoin de plusieurs perspectives pour comprendre et intervenir. Les criminologues, sur le plan professionnel, ne sont pas excellents dans un domaine unique; ils sont bons dans plusieurs choses. Ils ont pu déborder rapidement des postes cliniques pour prendre des postes de gestion. Ils avaient une vision beaucoup plus large des détenus, de la prison, du système pénal, de la sociologie carcérale.»

«Cette formation m'a permis de prendre des décisions non seulement orientées sur la rentabilité financière, mais aussi en tenant compte des courants criminologiques, des capacités d'augmenter les libérations conditionnelles, de l'importance de la communauté ainsi que de ses organismes et des impacts sur la population carcérale», dira Jean- Claude Perron.

«Il faut dire que ceux qui embauchaient et montaient les entrevues étaient des criminologues, superviseurs de la gestion des cas. Ils cherchaient des personnes ayant les mêmes antécédents et qui leur ressemblaient. Avec l'École de criminologie de plus en plus présente et qui offrait un programme de stage, les portes étaient donc ouvertes pour les criminologues», de renchérir Guy Villeneuve.

L'intégration des outils de gestion du risque

Apparus en nombre dans le système correctionnel fédéral au Québec, avec leurs méthodes fraîches, les criminologues ont pris beaucoup de place auprès des délinquants, particulièrement au milieu des années 1970, à une période où la réhabilitation devenait une tendance forte à tous les niveaux de gouvernance.

«L'intervention et la criminologie étaient plus artisanales. Nous étions dans un business de gestion du risque même sans le savoir. C'est toujours un risque de sortir un individu de prison et de le surveiller dans la rue, sauf que l'environnement social des années 1970 montrait un niveau de tolérance tel que, de façon générale, les récidives ne retenaient pas trop l'attention. On ne peut parler de l'évolution de la criminologie au sein du SCC sans parler de l'évolution de la société», commente Guy Villeneuve.

Jusqu'à la fin des années 1970, il y eut donc cette influence du criminologue en tant qu'agent de changement au Service, axé sur la réhabilitation. «C'était une révolution pénale. On passe d'une situation où le délinquant n'a aucun statut et où la coercition prime à un système où on crée des libérations conditionnelles et on pense en termes de retour en société. C'est une révolution pour un milieu qui avait été tellement stable pendant 150 ans», explique Guy Lemire.

Au cours des années 1980, la protection publique s'impose en priorité dans la société. «C'est sûr que l'environnement a changé, insiste Guy Villeneuve. La société s'est préoccupée de plus en plus de la sécurité, du correctionnel. Ce changement a eu une influence sur notre pratique. Il était un temps où donner des absences temporaires dans un médium, c'était une procédure simple. Le comité recommandait la sortie, j'avais trois ou quatre lignes à lire, je signais et le type s'en allait trois jours chez lui.»

C'est le début d'une nouvelle ère de gestion de cas, une approche qui exige du criminologue derrière l'agent de libération conditionnelle de gérer le plan correctionnel des délinquants en plus de faire de l'intervention au quotidien. La criminologie emprunte alors son parcours «scientifique». C'est aussi la montée de la gestion du risque et l'apparition des grilles d'analyse qui servent à mieux saisir la dynamique du délinquant.

«La gestion du risque, dans les années 1990, a fait du criminologue le spécialiste capable de comprendre et d'utiliser les outils statistiques. Il devenait un acteur clé. C'était une confirmation de son statut», explique Guy Lemire.

Guy Villeneuve en rajoute : «Nous sommes dans la criminologie industrielle. Les grilles d'analyse… ce sont des outils qui permettent de cocher et d'avoir un profil du client devant nous. Ensuite, des études longitudinales se sont développées, elles ont alimenté des banques de données.»

«À l'époque, on avait pas tous ces outils et il y avait dans la société un préjugé favorable envers les fonctionnaires qui faisaient ce qu'ils avaient à faire. Aujourd'hui, si ce n'est pas écrit, ce n'est pas fait. On passait plus de temps avec les délinquants et il y avait moins de rapports à faire. Les contrôles de qualité se sont développés. Le criminologue s'est professionnalisé en s'éloignant du client», déplore Guy Villeneuve.

«L'obsession du détenu, aujourd'hui, c'est l'agent de libération conditionnelle (ACL), reprend M. Lemire. Maintenant que son quotidien est réglé par un régime de droit fondé sur les lois et directives, les grosses décisions à prendre dans son dossier touchent au transfèrement et au retour en liberté. Et qui contrôle cela ? Ce sont les ALC. D'où l'idée que le vrai gardien de prison, celui qui a de l'impact sur les décisions importantes concernant le détenu, c'est le criminologue, qui devient le geôlier du 21e siècle. On est bien loin de l'ange gardien des années 1960-1970.»

Parlant de l'évolution des méthodes de travail du criminologue au fil du temps, la sous-commissaire du SCC au Québec, Johanne Vallée, apporte une nuance : «Il y a des courants qui nous influencent. Il y a eu des courants cliniques, des courants sociaux. La présence des professionnels au SCC, comme les criminologues, favorise une approche plus objective de nos fonctions. Les questions de délinquance et du traitement du délinquant sont tellement émotives que si tu n'as pas des paramètres plus objectifs d'analyse, tu peux sombrer dans un traitement inapproprié des délinquants. La criminologie vient mettre des paramètres.»

«C'est sûr que les outils d'évaluation ne font pas toujours l'unanimité, conclut Mme Vallée. Certains disent que ces outils nous rendent plus sévères, c'est plutôt la réalité humaine qui fait que nous sommes plus sévères. C'est la pression et comment tu la gères, comment tu gères ton risque. Ce n'est pas l'outil.»

Pour Sylvie Brunet-Lusignan, les procédures ont toujours existé : «Des criminologues sont devenus experts dans les grilles et autres outils. Certains, toutefois, ont continué à faire confiance à leur jugement clinique. Il faut demeurer créatif. Il y aura toujours une place pour le jugement.»

«Toutes les analyses autour des délinquants dangereux et des longues sentences ont servi, argue Johanne Vallée. Quand on a aboli la peine de mort, par exemple, la recherche nous a amenés à changer la gestion des sentences à vie… Option-Vie1 s'est développé… La criminologie, par sa recherche, nous permet de franchir des étapes et d'améliorer nos pratiques en fonction des nouvelles réalités.»

Selon M. Lemire, les liens entre les deux organisations se sont renforcés de façon décisive lorsque la criminologie a été offerte au 1er cycle à l'École (1967) et que cette dernière est devenue une école professionnelle avec l'instauration de stages (1970).

«Ça nous prend des gens qui ont un recul, qui ont des outils de travail valides. Ainsi, le criminologue peut avoir une approche professionnelle et traiter des questions avec des paramètres éthiques. Même s'il n'y a pas de code d'éthique formel pour les criminologues, il y a une obligation de professionnalisme.»

Le SCC et l'École de criminologie

Pépinière de professionnels pour le SCC, l'École de criminologie de l'UDM a elle aussi évolué et ses liens avec le SCC ont pris différents trajets. «Au SNLC, la collaboration avec l'École fut toujours correcte mais elle fut plus difficile avec les pénitenciers, car les philosophies correctionnelle et pénale divergeaient, nous rapporte Jean-Claude Perron. Lorsque les anciens dirigeants ont été remplacés, chacun y trouva son compte et les difficultés ont été aplanies. Des professeurs de l'École ont donné des cours au personnel sur les victimes, les drogues et la gestion du risque. Nous avons constitué une banque de candidats excellents grâce aux stages et mis sur pied un comité de recherche dont faisait partie un représentant de l'UDM.»

Selon M. Lemire, les liens entre les deux organisations se sont renforcés de façon décisive lorsque la criminologie a été offerte au 1er cycle à l'École (1967) et que cette dernière est devenue une école professionnelle avec l'instauration de stages (1970). «Elle s'est mise à former des gens qui devenaient aussitôt des intervenants dans le domaine de la justice pénale, en occupant largement le champ correctionnel. Pendant une période, plus de la moitié des criminologues entraient au SCC. D'ailleurs, les criminologues, pour diverses raisons, ont beaucoup moins rejoint les prisons provinciales.»

La charge de cours assurée par Sylvie Brunet-Lusignan à l'École est un bel exemple de collaboration entre les deux organisations. «Elle me permet de partager mes préoccupations au sujet du programme de formation et de son impact sur la pratique. Cela m'oblige à rester branchée sur l'environnement de la crimino. Je dois demeurer riche de ma criminologie et garder une distance critique. Le SCC m'a permis de faire ceci et l'École a reconnu ma contribution. C'est challengeant d'avoir des étudiants qui te questionnent sur tout.»

Quant au secteur de la recherche, la relation en était une d'amour/ haine, selon Guy Lemire. «L'École a traversé des périodes très critiques face au système correctionnel, notamment avec ce courant qui voulait abolir les prisons. Sur le plancher, les chercheurs n'étaient pas toujours bienvenus au SCC. Or, les choses ont évolué au point où c'est maintenant avec l'équipe de recherche du SCC que les liens extérieurs des chercheurs de l'École sont les moins critiques.» «L'École de criminologie n'est pas la seule à faire de la recherche et il y a une compétition à ce niveau, explique Johanne Vallée. Les budgets deviennent plus serrés et nous avons des besoins en d'autres domaines, par exemple en santé mentale.»

Les défis pour l'avenir

En conclusion, nous avons voulu savoir quels défis se posaient maintenant à la criminologie et aux criminologues chez nous, dans le contexte correctionnel des années 2010.

Pour Guy Lemire, la réflexion semble couler de soi. «Il faut reprendre un lien privilégié et clinique avec les détenus. Le système de justice pénale a toujours réussi lorsqu'il parvenait à individualiser la peine. Ce système dit que chaque personne doit être connue dans son individualité contrairement à des systèmes autoritaires qui nivellent par la base et qui appliquent un traitement uniforme à tous.» MM. Villeneuve et Perron sont également de cet avis, ajoutant que les défis sont d'ordre politique et bureaucratique, et exhortant les criminologues à «garder la foi» et à remettre les choses en question. À l'instar de toute autre organisation, le «confort» guette, termine Guy Lemire.

Pour Johanne Vallée, le défisera de vivre dans le changement perpétuel. «Le profil de clientèle n'arrête pas de changer. Il y a 30 ans, la clientèle était assez stable. Les délinquants étaient relativement jeunes, on parlait de vol, vol de banque, donc d'une criminalité acquisitive. Aujourd'hui, tout fluctue. Par exemple, la cybercriminalité, le vol d'identité et le terrorisme sont de nouveaux phénomènes. Qu'est ce que ça sera dans cinq ans, je ne le sais pas!»

«On doit toujours se questionner, poursuit-elle, et cela nous amène à travailler davantage en collaboration avec les partenaires tels la police, l'École de criminologie et l'Institut Philippe-Pinel de Montréal, pour ne nommer que ceux-là. Il va falloir réussir à intégrer les connaissances de façon assez rapide, être transparent et en mesure de communiquer dans un contexte émotif. C'est un défiimportant.»

Le mot de la fin revient à Sylvie Brunet-Lusignan. «Pour que tout cela se réalise, nous n'insisterons jamais assez sur la consolidation des différents partenariats que peut tisser le SCC. Tous les intervenants de la justice pénale agissent en complémentarité; cela fait la force de notre action concertée vers un objectif commun de sécurité publique et de réinsertion sociale.»


1 Option-Vie est un programme par lequel des condamnés à perpétuité, qui ont réintégré avec succès la société, accompagnent et aident d'autres condamnés à perpétuité tout au long de leur peine.