Depuis quelques décennies, la méditation est enseignée aux détenus à l’intérieur des murs, soit par des bénévoles, soit par l’aumônière bouddhiste. La méditation est au cœur de la voie bouddhiste, mais peut être enseignée à tous. Elle peut aider une personne à comprendre son propre esprit ainsi qu’à réduire graduellement l’agitation intérieure qui l’empêche de prendre sa vie en main. En se concentrant sur un objet de méditation tel que la sensation tactile du souffle ou sur l’esprit même, un espace se crée entre la personne et ses pensées, lui permettant de « choisir » le meilleur chemin à suivre. La méditation permet de réaliser que le temps n’est pas une chose définie et que dans ce que nous appelons une seconde, nous retrouvons de multiples moments de l’esprit qui se suivent rapidement, permettant une multitude de choix intérieurs ou d’intentions qui déterminent la qualité de nos actions.
Par exemple, nous pouvons être portés à réagir à la souffrance ou aux sensations désagréables avec une forte colère, ce qui aura des effets négatifs pour nous et nos proches. Par contre, développer face à la souffrance la familiarité de ressentir la compassion aura un effet positif et créera le bonheur pour nous et les autres. La méditation nous apprend donc à familiariser notre esprit avec les états d’esprit positifs pour créer de nouvelles habitudes intérieures. Pour cela, il faut répéter l’exercice de méditation encore et encore.
La méditation nous aide à comprendre que nous sommes beaucoup plus que ces états perturbés semblables à des nuages qui habitent temporairement le vaste ciel clair de notre esprit. Selon les conditions météorologiques rencontrées, des nuages se forment, pouvant créer des orages et des ouragans. Ces conditions ne sont pas permanentes. Elles ne sont pas la nature du ciel. Notre esprit est semblable à l’espace clair du ciel : des perturbations mentales peuvent se manifester temporairement lorsque nous rencontrons des situations particulières, mais ces états perturbés ne sont pas la nature intrinsèque de notre esprit ou de notre personne. Selon Bouddha, personne en ce monde ne possède un esprit dont la nature est d’être de façon permanente la haine, la colère, l’ignorance ou l’attachement désirant. Les bouddhistes appellent ces états esprits des poisons parce qu’ils empoisonnent nos actions.
La méditation peut aider une personne à comprendre son propre esprit, ainsi qu’à réduire graduellement l’agitation intérieure qui l’empêche de prendre sa vie en main.
Les facteurs déterminants pour opposer ces perturbations mentales dépendent de plusieurs choses. La familiarité avec les intentions positives (autant dans le passé que dans le présent) et la répétition de l’exercice de méditation créent les conditions de base nécessaires aux changements. L’influence que peuvent avoir les autres contribue aux développements de perturbations mentales ou des états d’esprit positifs. L’attention inappropriée sur des objets d’attachement ou de haine va directement faire naître une perturbation mentale. Par exemple, contempler trop longtemps et à répétition les défauts d’une personne ou les inconvénients d’une situation vont permettre à la haine ou la colère de se développer. Lorsque nous sommes capables de reconnaître cette attention inappropriée grâce à la vigilance développée par la méditation, nous possédons la clé du changement.
Le facteur le plus bénéfique pour la santé mentale d’une personne est la relation positive qu’une autre personne va entretenir avec celle-ci, que ce soit un membre de la famille ou une personne dans son environnement. Être accepté (ça n’implique pas ici l’acception des actions négatives de cette personne) et être écouté sans jugement, dans l’amour et le respect de l’être et de son potentiel a des effets positifs énormes. Une amitié profonde peut faire mûrir les conditions nécessaires intérieures pour que la personne croie en son potentiel de changement. Plutôt que d’avoir de la haine envers elle-même et une culpabilité qui paralyse, cette personne peut développer la détermination de remplacer les états d’esprit négatifs par des états d’esprit bienveillants envers soi-même et les autres. Elle peut faire la distinction entre ses vrais ennemis, les perturbations mentales et soi-même.
La compassion est donc la seule réponse qu’il convient de donner à ceux qui, poussés par leurs perturbations mentales, font du mal aux autres. S’il est parfois nécessaire de mettre à l’écart ceux qui se comportent d’une manière très perturbée - aussi bien pour leur propre intérêt que pour protéger les autres - il n’est jamais approprié de les blâmer ou de se mettre en colère contre eux. Croire en leur potentiel avec un esprit d’amour, de compassion et de sagesse est la plus grande aide que nous puissions leur apporter.