Revue Porte Ouverte

Approches alternatives

Par David Henry,
ASRSQ

Intervenir auprès des personnes suicidaires

Suicide Action Montréal (SAM) a commencé ses activités en 1984 grâce à quelques partenaires regroupés autour d’une table de concertation dédiée à la prévention du suicide. Depuis ses débuts, SAM a répondu à plus de 455 000 appels. 

SAM offre de multiples services en prévention du suicide. La ligne d’intervention téléphonique (ouverte sept jours par semaine, 24 heures par jour) est l’outil le plus connu du grand public. Michel Presseault, coordonnateur du service d’intervention téléphonique, souligne que, chaque année SAM reçoit entre 20 000 et 22 000 appels - ce qui fait une moyenne de 57 appels par jour, et ce, uniquement dans ce centre de prévention du suicide. Outre les services téléphoniques, SAM offre un service de parrainage individualisé pour les personnes les plus à risque, offre des rencontres d’information pour les proches de personnes suicidaires, forme des groupes de soutien pour les personnes endeuillées par un suicide, effectue de la formation auprès de multiples intervenants qui pourraient être confrontés à cette problématique (professeurs, employeurs, intervenants communautaires, etc.), offre du soutien clinique aux professionnels et, finalement, offre un service de postvention dans les cas où un suicide a eu lieu et qu’une intervention est nécessaire sur le lieu du drame (école, milieu de travail, etc.).

Le taux de suicide dans les prisons québécoises est six à huit fois supérieur au taux de suicide dans la population générale.

« J’admire les bénévoles pour le travail qu’ils font : la seule différence entre eux et des professionnels, c’est le salaire » nous confie M. Presseault. « Ils font un travail extraordinaire » répète-t-il. Chaque année SAM va former près de 180 bénévoles alors que l’organisme compte une trentaine d’employés salariés. Depuis sa création, SAM a formé environ 2600 bénévoles et le recrutement continue d’aller bon train. « C’est le bouche à oreille qui fonctionne le mieux, beaucoup de gens connaissent au moins une personne qui s’est impliquée à SAM à un moment donné » précise-t-il.

En 2004, SAM a été approché par les centres de détention provinciaux situés sur l’île de Montréal pour offrir des services aux détenus. Finalement, un protocole d’entente a été signé afin que l’organisme puisse accepter des appels provenant des prisons de Bordeaux, de Tanguay et du palais de justice. Au début, SAM recevait environ une centaine d’appels par an. Mais d’année en année, ce nombre n’a cessé d’augmenter pour se situer finalement à 744 appels l’année dernière. Les besoins de cette population sont donc bien réels. D’ailleurs, sur les 744 appels reçus, 40 ont nécessité l’envoi de secours. Dans la communauté quand une personne tente de se suicider et que sa vie est en danger, les secours sont avertis et une ambulance se rend à son domicile. En détention, c’est plus compliqué, mais le protocole mis en place avec les services carcéraux permet de retracer l’appelant et de lui apporter l’aide nécessaire. Michel Presseault tient à préciser que les détenus qui ont commis des crimes contre la personne font partie des principaux groupes à risque de passer à l’acte, surtout au début de l’incarcération. D’ailleurs, le taux de suicide dans les prisons québécoises est six à huit fois supérieur au taux de suicide dans la population générale.

Benoît est bénévole à SAM depuis plus d’un an. De par son expérience personnelle, il a voulu faire une différence auprès de personnes qui vivent une période difficile. « Ça me fait beaucoup de bien à moi aussi » confie ce jeune homme qui s’implique également dans un autre organisme œuvrant auprès de personnes ayant des problèmes de santé mentale. « Je me sens utile quand j’interviens. C’est sûr que les premiers appels sont angoissants, tu as très peur de faire une erreur, mais avec l’expérience, tu acquiers de l’assurance dans tes interventions ». Il rajoute « qu’on ne réalise pas toujours l’impact de celles-ci. Parfois, des personnes rappellent juste pour remercier un bénévole qui les a aidés dans un moment difficile. C’est vraiment gratifiant ».

Selon M. Presseault, depuis les années 2000 le taux de suicide au Québec diminue de 4% par année. « C’est une baisse énorme, car concrètement cela signifie qu’actuellement environ trois personnes par jour se suicident au Québec contre quatre auparavant. Mais malgré ces chiffres encourageants, le taux de suicide au Québec demeure très élevé par rapport aux autres provinces canadiennes et à la majorité des pays européens. Les études démontrent que pour chaque suicide, il y a environ 50 tentatives ».

Le numéro téléphonique pour contacter la ligne d’intervention de Suicide Action Montréal est le 514 723.4000. À l’extérieur de Montréal, vous pouvez composer le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553).