Revue Porte Ouverte

Les cercles de soutien et de responsabilité

Par Dominique Garneau,
Bénévole

Projet de sensibilisation Impacts du casier judiciaire : Quelle galère!

Devant les difficultés que connaissent les personnes qui possèdent un casier judiciaire, Catherine-Eve Roy (agente aux programmes et aux communications de l’ASRSQ) s’enflamme. Ce qui la met en rogne, c’est de constater que malgré un discours qui appuie la réinsertion sociale, la réalité est parfois tout autre. Le pire, c’est que bien des obstacles rencontrés par ceux et celles qui ont un casier judiciaire n’ont pas leur raison d’être. C’est d’ailleurs ce qu’elle explique lors des fêtes familiales et des rencontres entre amis. Celle qui ne connaissait à peu près rien sur le sujet, il y a près d’un an, est devenue une spécialiste de la question et une critique acérée de la réaction sociale.

C’est avec beaucoup de curiosité que j’ai rencontré celle qui a fait la recherche et développé les outils du projet Impacts du casier judiciaire, une collaboration entre le Comité aviseur pour une clientèle judiciarisée adulte, l’ASRSQ et Emploi-Québec. J’avais une vague idée des impacts du casier judiciaire, mais j’étais bien loin d’imaginer l’ampleur de la situation.

La force du projet sur lequel Catherine-Eve a travaillé est de regrouper toute l’information qui existe sur la question et, surtout, de la vulgariser. C’est un travail titanesque qu’elle a réalisé. En repensant à cette expérience, elle conclut qu’il a été avantageux, au début du projet, de n’avoir eu aucune expérience en la matière. Elle entretenait alors les mêmes perceptions et préjugés que bien des gens.

De nombreuses difficultés

Le projet a fait ressortir les principaux secteurs touchés par la présence d’un casier judiciaire : l’emploi, les déplacements et les assurances personnelles.

Comme plusieurs, je me doute que la réinsertion sociale passe beaucoup par l’emploi. Même si on ne peut refuser du travail à quelqu’un qui possède un casier judiciaire (à moins qu’il y ait un lien direct avec l’emploi postulé), le candidat doit répondre par l’affirmative lorsqu’on lui demande s’il en a un. Ceci est bien suffisant pour effrayer plusieurs employeurs qui réussiront bien à trouver une raison pour refuser le candidat. Comment démontrer qu’il s’agit d’une discrimination? C’est pratiquement impossible.

La situation est aussi difficile lorsqu’il s’agit des déplacements transfrontaliers. Évidemment, on remarque plusieurs variantes selon les pays, mais une chose demeure : l’entrée en terre étrangère est un privilège et non un droit. Rien n’oblige le douanier à vous laisser entrer et lorsque la présence d’un casier pose problème, le pardon ne peut vous être utile, car il n’y est pas reconnu. Bien sûr, avant tout déplacement, il est possible d’effectuer certaines vérifications, mais c’est lorsque vous vous trouverez devant le douanier que vous obtiendrez la seule réponse qui compte.

Du côté des assurances, on observe encore plus de confusion. Bien des individus qui ont un casier croient être adéquatement assurés. Toutefois, plusieurs d’entre eux se rendront compte, au moment de procéder à une réclamation, que leur assureur refuse de les indemniser parce qu’il n’avait pas été informé de l’existence de ce casier qu’il considère comme un facteur de risque important. Et lorsque les compagnies d’assurances en sont informées, les primes à payer sont très élevées et souvent peu accessibles. Comment démarrer une entreprise sans assurance? Comment utiliser un véhicule alors que les primes exigées sont inaccessibles?

D’un défi à l’autre

Au fil de la discussion, le souci de Catherine-Eve de rendre l’information le plus accessible possible m’impressionne. Souvent, elle s’assure que les choses soient claires, précises et nuancées. Je sens qu’elle s’est totalement impliquée dans ce projet. Elle est passionnée, réfléchie et revendicatrice.

Il reste maintenant à assurer la diffusion du projet qui risque d’intéresser et d’interpeller plusieurs publics. En terminant, je désire féliciter Catherine-Eve du brio avec lequel elle a su relever ce défi. Elle a dû faire preuve de patience, persévérance, ouverture et créativité. Elle est maintenant prête au plus beau des défis, celui de mettre au monde un enfant. Je lui souhaite, ainsi qu’à son copain Sébastien, la meilleure des chances dans cette nouvelle aventure.