Revue Porte Ouverte

Démystifier la santé mentale et la criminalité

Par David Henry,
Directeur général, ASRSQ

Qui sont les fous ?

Dans le langage populaire, quelqu’un qui a un problème de santé mentale, c’est un fou… On peut partir cette prémisse insultante et réductrice (après tout, on est probablement toujours le fou de quelqu’un d’autre) mais il faudrait alors définir la folie.

Qu’est-ce que la folie ? Une société qui détruit consciemment son écosystème est-elle une société folle ? Est-ce qu’un monde qui permet à 1% de sa population de détenir plus de la moitié de toutes les richesses de la terre est fou ? Est-ce je dois posséder une télévision ultra HD 4K de 65 pouces avec la technologie DTS Studio Sound Immersive, angle de vision à 178 degrés, Technologie audio d'Onyko inclus pour être heureux ?

Selon Albert Einstein, la folie, c'est de refaire toujours la même chose, et d'attendre des résultats différents… Loin de moi l’idée de faire du mauvais esprit mais nous sommes alors probablement collectivement tous fous. Nous répétons souvent nos erreurs et continuons de croire en des amalgames douteux. Il est clair pour moi que la maladie mentale n’a rien à voir avec la folie. Les gens qui souffrent de maladie mentale ont besoin d’accompagnement, de compassion et de soins. Dans notre inconscient collectif, comme la maladie mentale est associée au fou, nous pensons alors qu’un fou est une personne incontrôlable, dangereuse et par un glissement de la pensée, il est alors d’usage de croire que les personnes atteintes de maladie mentale représentent un plus grand risque de commettre des délits. Pourtant, statistiquement parlant vous et moi avons plus de chance de commettre un délit qu’une personne avec un problème de santé mentale qui est adéquatement encadré.


Quand une personne est reconnue non criminellement responsable, c’est entre autres parce que le tribunal considère qu’au moment des faits, celle-ci ne se rendait plus compte du bien ou du mal. Donc, c’est uniquement la maladie mentale qui est à la base de l’acte criminel et non la personnalité de l’individu. Chaque année, un comité d’examen se réunit pour évaluer l’état de la personne et statuer sur son sort. Cela signifie qu’une personne reconnue non criminellement responsable est condamnée à une peine indéterminée. Certaines personnes passeront toute leur vie en hôpital psychiatrique, c’est une des sentences les plus lourdes du système de justice. Peu d’avocats vont vous conseiller de plaider la folie pour échapper à la justice contrairement à une idée reçue…


La non-responsabilité criminelle pour cause de trouble mental a été fortement critiquée aux cours des dernières années du fait de plusieurs affaires sensationnalistes et de décisions judiciaires qui sont difficiles à comprendre car peu expliquées. Mais si l’on considère la maladie mentale comme un problème de santé publique et non un problème de sécurité publique alors la réponse et les solutions seront très différentes. Et une prison ne sera jamais un lieu approprié pour enfermer une personne qui a besoin de soin.