Revue Porte Ouverte

Les dépendances

Par Pascale Bibeau,
Criminologue, Le Centre Option-Prévention T.V.D.S.

Prévenir l'intimidation, le taxage ou l'usage des drogues par la formation virtuelle : une nouvelle réalité !

Au milieu de l'adolescence, l'attrait pour la télévision, la musique et l'internet atteint son comble. L'influence qu'ils peuvent exercer sur les jeunes peut avoir d'énormes répercussions sur leur développement. Et si on décidait d'exploiter positivement cette plate-forme d'informations?

En quête de nouveaux défis, le Centre Option-Prévention T.V.D.S. a décidé d'explorer les possibilités du e-learning comme outil de prévention. L'organisme a donc conceptualisé, il y deux ans, un premier outil virtuel de prévention de l'intimidation et du taxage à l'intention des jeunes âgés de 12 à 14 ans. Grâce au support financier de Justice Canada et d'une contribution de Canadian Tire, il a été possible de réaliser une version bilingue de cet outil. L'adolescent peut ainsi expérimenter, directement en ligne, un outil interactif qui aborde la question de l'intimidation et du taxage sous différents angles, à l'aide de jeux, de capsules d'informations et d'une petite dramatique. Le parcours est d'une durée d'environ une heure. Pour ajouter un peu de piquant à l'expérience, le joueur cumule des points tout au long du jeu et il peut télécharger, à la fin de son parcours, une chanson gratuite du rappeur Chico.

Il s'agit d'une formation en ligne où le participant développe ses connaissances et aiguise son jugement à travers différents jeux interactifs, des capsules d'information et des simulations informatisées, et ce, à partir de courtes saynètes à caractère dramatique.

Cette première expérience à permis aux concepteurs de faire un premier constat : la durée idéale d'un support virtuel en prévention devrait se limiter à une trentaine de minutes. L'outil virtuel doit être agréable, facile d'accès et garantir à coup sûr un effet divertissant et captivant. Donc, 60 minutes, c'est trop long!

Emballé par cette approche novatrice, le Centre T.V.D.S. a développé un deuxième parcours bilingue en greffant, au même outil, des capsules de prévention de l'usage du cannabis et de l'ecstasy à l'intention du même groupe cible. Cette fois, les jeunes joueurs peuvent retrouver les mêmes personnages dans une nouvelle aventure de Danaé et Véro face aux drogues. Ici, les jeunes découvrent différentes facettes de l'usage des drogues, les effets recherchés, les risques et les conséquences possibles. D'une durée de 30 minutes, l'action est rapide et le taux de rétention meilleur. À la fin de l'aventure, le jeune joueur gagne une chanson gratuite du rappeur Damien Bonnenfant. Une subvention de Santé Canada a permis de réaliser ce nouveau volet du projet.

Que devons-nous savoir au sujet d'un outil virtuel de prévention? À dire vrai, il s'agit tout simplement d'une formation en ligne où le participant développe ses connaissances et aiguise son jugement à travers différents jeux interactifs, des capsules d'information et des simulations informatisées, et ce, à partir de courtes saynètes à caractère dramatique. Également, un outil virtuel comprend une plate-forme Web de gestion de la formation et des outils de gestion qui permettent aux formateurs et aux administrateurs du projet de créer une multitude de rapports d'évaluation de processus ou d'impact, selon les besoins.

Avant de se lancer dans la réalisation d'un tel outil virtuel en prévention, il faut comprendre tout de suite que le partenariat demeure une composante fondamentale pour la réussite du projet. Il est donc impératif de s'associer, d'une part, à une firme qui maîtrise les technologies de l'information et, d'autre part, à une entreprise dont le champ d'expertise se situe dans la réalisation du matériel vidéo. Également, il demeure capital de s'appuyer sur une équipe qui se spécialise en développement de contenus pédagogiques et d'outils asynchrones (architecture de systèmes d'apprentissage, techno-pédagogie et multimédia) tout en s'appropriant le contenu spécialisé en toxicomanies. En fin de compte, il est question de joindre ses forces à celles d'un comité consultatif dont le but est précisément d'orienter et de valider l'outil, et ce, à chacune des étapes de sa conception.

Les personnes qui jonglent déjà avec le processus d'élaboration d'un programme de prévention seront sans doute très motivées à découvrir les particularités propres au développement d'un outil virtuel. En effet, concevoir un outil virtuel, c'est un peu comme assembler un gros casse-tête qui inclut du contenu, de la narration, des jeux, des clips, des tests, une identité visuelle, l'estimation du temps en ligne, etc. Et tout ça, autour d'une thématique particulière!

Il existe une série d'étapes qui supporte le développement d'un outil virtuel. Étant donné qu'il s'agit de ma troisième expérience – une première sur le harcèlement en milieu de travail et une seconde sur l'intimidation – je dirais que le cœur du projet est sans conteste celui que l'on appelle : scénarisation de l'outil.

Première étape : Devis pédagogique

  • Déterminer la quantité de modules d'apprentissages et leur durée, avec l'appui du technopédagogue.
  • Analyser les buts du projet, la clientèle cible, les compétences à acquérir et définir les objectifs pédagogiques du projet.
  • Choisir les technologies appropriées, selon le budget disponible.
    Positionner le projet avec les partenaires.

Deuxième étape : Scénarisation de l'outil

  • Développer les contenus de l'outil et le découper sous formes modulaires.
  • Déterminer la mise en page, les modes d'évaluation, les choix des médias.
  • Scénariser le contenu des modules en incluant les activités pédagogiques, le texte du narrateur, les rétroactions, les éléments visuels et auditifs attendus (voir un exemple d'une page scénarisée ci-dessous).
  • Créer les scénarios des clips vidéo (petites saynètes à caractère dramatique).
  • Valider les contenus avec les partenaires.

Troisième étape : Conception de l'outil virtuel

  • Créer l'identité visuelle de l'outil (éléments graphiques et sonores).
  • Enregistrer la narration.
  • Travail de pré-production avec les jeunes comédiens.
  • Réaliser les vidéos et le montage.
  • Effectuer la mise en page de l'outil, intégrer les clips vidéo et la narration.
  • Intégrer les outils d'évaluation.
  • Valider les contenus en français avec les partenaires.
  • Traduire le contenu de l'outil en anglais et le doublage des vidéos.
  • Valider la version anglophone de l'outil.

La formation virtuelle favorise une meilleure exploitation interactive de la vidéo. Ainsi, l'outil Déclic propose le visionnement de petits clips dans le but d'inciter le participant à faire des choix responsables et à poser des actions, comme l'indique d'ailleurs l'exemple suivant : ta meilleure amie te confie qu'elle a consommé de l'ecstasy. Comment réagis-tu?

  • Tu lui demandes de cesser de consommer immédiatement.
  • Tu lui fais part de ton opinion en toute honnêteté, sans lui faire la morale.
  • Tu lui demandes de s'éloigner de toi pour un certain temps.

Ma confiance et ma conviction en ce qui a trait aux possibilités d'utiliser le virtuel en matière de prévention m'ont inspiré à rédiger ce texte. Je n'ai toutefois pas de réponse définitive à la question : jusqu'où le recours à la technologie est-il applicable en prévention? Par contre, le projet Déclic est une occasion d'en apprendre davantage et, peut-être, d'encourager d'autres organismes communautaires à emprunter cette voie lorsqu'il est question de prévention.

Enfin, je vous invite à visiter le site Jeudéclic.com afin que vous puissiez avoir un meilleur aperçu des possibilités qu'engendre cette nouvelle forme de technologie auprès de votre clientèle. Le Centre TVDS est disponible pour faire connaître l'outil virtuel directement auprès des jeunes, en compagnie du rappeur Damien qui chante deux à trois chansons.

Appelez-nous pour plus d'informations au 514 898-9807.