Revue Porte Ouverte

Écoutons ce qu'ils ont à dire

Par Occupons-nous de nos bénévoles! Propos recueillis pas Jean-François Cusson ,
ASRSQ

Occupons-nous de nos bénévoles!

Lors de l’année internationale des bénévoles, l’ASRSQ avait profité de l’occasion pour tenter de mieux comprendre les besoins des bénévoles du milieu correctionnel communautaire. C’était aussi l’opportunité d’examiner les pistes d’action concernant le recrutement et la reconnaissance de ces derniers. À cet effet, l’ASRSQ publiait donc un document visant à répondre à ces questions. Nouvellement retraitée de son poste de directrice administrative de la Maison Radisson, Claudette Lamontagne a supervisé la réalisation de ce projet.

C’est un peu par hasard qu’elle a été embauchée à Radisson, elle qui ne connaissait rien de la question de la réinsertion sociale. C’est en s’impliquant dans l’administration des ateliers de réinsertion par le travail (ART) qu’elle a appris à connaître les défis auxquels font face les délinquants.

Après plusieurs années à Radisson, il était clair que Claudette n’allait pas rester à ne rien faire. Recrutée sur le conseil d’administration de la Corporation Maison Charlemagne, puis sur celui de l’ASRSQ, elle s’est intéressée à la question des bénévoles. «C’est un intérêt qui provient de mon enfance. Mon père étant très impliqué dans sa communauté, j’ai l’impression d’avoir toujours fait du bénévolat. À l’âge de 15 ans, je faisais déjà du porte-à-porte.»

Offrir un soutien à ceux qui offrent leur temps

«Je me suis rendue compte que notre réseau comptait beaucoup de bénévoles et que leur action était très variée. Ce sont des gens qui s’impliquent pour une cause qui n’est pas toujours facile et ils peuvent faire face à de nombreux obstacles.» Ainsi, c’est pour les aider dans leur action que Claudette Lamontagne a rapidement réalisé combien il s’avérait essentiel d’offrir du support et des outils aux bénévoles. «Il faut les aider à ce que leur implication puisse être satisfaisante.» Tout comme pour les délinquants, les familles, les victimes et les intervenants, le milieu correctionnel peut faire vivre bien des préoccupations et des frustrations aux bénévoles. C’est pourquoi il s’avère judicieux de leur offrir un accompagnement lors de cette expérience. «Ils doivent pouvoir se tourner vers des personnes-ressources.» Ce soutien ne consiste pas seulement à leur résumer les tâches à accomplir et leur offrir une formation sur les pièges à éviter dans la relation avec les délinquants. Les bénévoles doivent être en mesure de situer leur implication dans le processus de réinsertion sociale. «Ce ne sont pas des intervenants ni des thérapeutes. Toutefois, ils complètent à merveille l’action des professionnels en permettant d’assurer une meilleure intégration du délinquant.»

La reconnaissance

Malheureusement, Claudette réalise que les bénévoles ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur. Il faut encore défendre le rôle qu’ils peuvent jouer au sein de plusieurs organisations. D’ailleurs, si ces dernières n’étaient pas tenues d’avoir un conseil d’administration bénévole, plusieurs organismes n’en auraient probablement pas.

Côté reconnaissance, des gestes simples permettraient de leur rappeler notre appréciation. «Par exemple, combien d’organismes prennent le temps, le cinq décembre, de souligner la journée internationale des bénévoles? Il n’est pas nécessaire d’organiser de grands événements. Un simple coup de fil ou une lettre pour remercier les bénévoles peut être suffisant. Ces manifestations sont toujours appréciées.» Si le Service correctionnel du Canada honore ses bénévoles, pourquoi ne pouvons-nous pas aussi saluer leur travail? Après tout, le réseau de l’ASRSQ justifie souvent son action en rappelant l’importance de l’implication communautaire.

L’appartenance à un réseau

Même si les bénévoles s’impliquent localement dans l’administration des organismes communautaires et dans l’accompagnement des délinquants, Claudette constate qu’ils sont trop souvent isolés. «B ien peu de gens savent ce qui se passe à l’extérieur des organismes où ils sont impliqués. Je ne crois pas que c’est par manque d’intérêt. C’est qu’ils ne connaissent pas l’existence d’un regroupement comme l’ASRSQ et ce, même si l’organisation pour laquelle ils s’investissent en est membre. Ils ne sont pas conscients de l’ampleur du réseau dont ils font partie et du support qu’ils pourraient aller y chercher.»

Pour Claudette Lamontagne, l’ASRSQ doit chercher à rejoindre les nombreux bénévoles qui sont présents dans son réseau. «Il faut aller les rencontrer dans leur milieu pour leur présenter l’Association et les dossiers qu’elle traite. Il faut participer à leurs activités comme les assemblées générales annuelles. C’est certain que l’ASRSQ n’a pas une grosse équipe, mais je crois qu’avec l’implication de tous, il est possible de les rejoindre.

Le milieu correctionnel communautaire a beaucoup à offrir à des citoyens qui désirent s’y investir. Sur le plan administratif, les défis sont importants et Claudette Lamontagne réalise que bien des organismes réussissent maintenant à recruter des bénévoles du milieu des affaires et des professionnels. Également, l’accompagnement des délinquants a beaucoup à offrir aux bénévoles en terme d’expérience humaine, en autant qu’on leur assure un minimum d’encadrement. «Qu’ils soient administrateurs ou qu’ils accompagnent des délinquants, les bénévoles partagent tous le même objectif : offrir un milieu propice aux délinquants qui désirent se reprendre en main.»