Revue Porte Ouverte

Employabilité et réinsertion sociale

Par Michel Monette,
Président du Comité consultatif pour la clientèle judiciarisée adulte

L’entente interministérielle… déjà 8 ans !

Vous rappelez-vous de l’Entente concernant les interventions des services publics d’emploi offerts aux personnes contrevenantes sous la responsabilité des Services correctionnels du ministère de la Sécurité publique du Québec (SCQ) ?

Cette Entente, mieux connue sous le nom de l’Entente intermi-nistérielle, associe le ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP) et celui de l’Emploi et de la solidarité sociale (MESS) dans un mandat réparti en trois volets, soit la mise en place de services publics d’emploi dans les établissements de détention du Québec, le développement de projets de formation en fonction des besoins d’employabilité de la clientèle incarcérée et l’enrichissement des interventions d’Emploi-Québec auprès de la clientèle correctionnelle en milieu ouvert.

C’est en avril 2001 que le Comité consultatif pour la clientèle judi-ciarisée adulte (CCCJA, autrefois appelé le Comité aviseur) annon-çait la première signature de l’Entente interministérielle pour une période de trois ans. Un comité de suivi fut alors créé, réunissant des représentants des deux ministères impliqués, d’Emploi-Québec, des SCQ et du CCCJA. Par la suite, cette Entente a été reconduite, dans les mêmes termes, pour une autre période de trois ans. Aujourd’hui, après huit ans d’opération, quels sont les résultats obtenus pour chacun de ses trois volets?

En ce qui concerne l’implantation des Services publics d’emploi dans les établissements de détention du Québec, ce premier volet est déjà complété depuis quelques années. C’est principalement par l’intermédiaire d’organismes communautaires en employabilité qu’aujourd’hui tous les établissements de détention peuvent offrir des services d’employa-bilité adaptés aux besoins des personnes incarcérées. Dès l’implantation de ces services, les résultats furent probants et encore l’année dernière, on compte 1421 détenus(es) qui ont utilisé ces services, 19% de plus que l’achalandage visé. On constate également que 55% des personnes desservies poursuivent leur démarche en communauté. Ces résultats sont très encourageants et démontrent la pertinence et l’efficacité des services développés.

Dès l’implantation des Services publics d’emploi, les résultats furent probants. L’année dernière, on compte 1421 personnes incarcérées qui ont utilisé ces services, soit 19% de plus que l’achalandage visé.

Le deuxième volet de l’Entente concernant le développement de formations pour améliorer les compétences des personnes incarcérées demeurera toujours ouvert et à la recherche de nouvelles initiatives. L’implantation de tels projets dans les établissements de détention est plus complexe que pour ceux du premier volet, mais nous comptons un bel exemple dans la formation en briquetage développée à l’Établissement de détention de Rivière-des-Prairies.

Cette formation en est déjà à son quatrième groupe, au rythme d’un par année. La formation permet aux participants d’obtenir les crédits nécessaires pour intégrer un emploi dans ce domaine et poursuivre, en cours d’emploi, leur formation d’études secondaires profession-nelles en briquetage. Le succès obtenu par cette formation a justifié sa continuité et le maintien de tous les partenaires impliqués dans sa réalisation.

Finalement, le troisième volet de l’Entente interministérielle axé sur la consolidation des interventions sur le plan de l’emploi des personnes contrevenantes vivant en milieu ouvert se concrétise davantage depuis 2007. Le CCCJA et Emploi-Québec seront particulièrement sollicités dans la poursuite de ce volet impliquant la consolidation des organismes communautaires d’employabilité spécialisés auprès des personnes judiciarisées adultes. D’ailleurs, le Comité consultatif a déjà débuté ses représentations pour favoriser la réalisation de ce volet trois, plus particulièrement par le projet « Impacts du casier judiciaire » qui vise, entre autres, à sensibiliser les autorités d’Emploi-Québec aux difficultés d’insertion au travail des personnes judiciarisées.

Même si le renouvellement triennal 2007-2010 de l’Entente intermi-nistérielle n’est pas encore signé par les deux ministres concernés, sa continuité est autorisée jusqu’au 31 mars 2010, le délai de signature étant causé par des ajustements au texte pour se conformer aux nouveaux cadres législatifs, réglementaires et adminis-tratifs en vigueur au MSP et au MESS. La substance de l’Entente et les objectifs de ses trois volets demeurent les mêmes.

Le CCCJA est très fier de sa contribution à l’élabo-ration de l’Entente interministérielle. Sa longévité ne se justifie que par les résultats probants obtenus en termes de réinsertion socioprofessionnelle des personnes incarcérées qui ont utilisé les services, et la volonté politique des instances impliquées d’agir face aux problématiques d’em-ploi des personnes judiciarisées.

Nous pouvons donc conclure que l’Entente interministérielle se porte bien et se développe comme prévu. Le Comité consultatif, avec la collaboration de ses membres, continuera de s‘impliquer activement à son suivi et fournira tous les efforts nécessaires pour assurer sa continuité afin de favoriser la réintégration socioprofessionnelle des personnes judiciarisées adultes.