Revue Porte Ouverte

Les femmes délinquantes sont-elles laissées pour compte?

Par Alain Ferron,
Aumônier, Chapelle St François Établissement La Macaza

et Serge Audette,
Résident Établissement La Macaza

Un geste symbolique de réparation à l’établissement la MACAZA

Dans le cadre de la semaine de la Justice réparatrice, le comité de Justice réparatrice de l’Établissement de La Macaza a organisé une levée de fonds dont l’argent a été remis à l’organisme L’Ombre-Elle qui vient en aide à des femmes et leurs enfants victimes de violence. L’idée originale de ce projet, instauré en 2002, vient de Éric Dupuy, résident. L’aumônier Alain Ferron et Serge Audette, un autre résident, ont également contribué à sa réalisation.

L’organisme L’Ombre-Elle a d’abord été choisi à cause de sa localisation dans notre région. Plus tard, ce choix s’est confirmé parce qu’au-delà de sa mission, cet organisme possède un volet très intéressant visant à sensibiliser les enfants en bas âge provenant du milieu scolaire. Ainsi, L’Ombre-Elle contribue à les sensibiliser à la réalité de la violence sous toutes ses formes.

Quelque 150 résidents de l’Établissement ont participé à cette action et un montant de 1260,50 $ a pu être amassé. C’est en faisant le tour de toutes les cellules, en expliquant le but de la démarche et en demandant à chacun de bien vouloir contribuer que deux résidents de chaque pavillon ont pu amasser cette somme. L’administration, quant à elle, s’est impliquée en permettant aux détenus de percevoir des fonds dans leur compte épargne au lieu de leur compte cantine, ce qui est une procédure inhabituelle.

Cette initiative résulte du comité de Justice réparatrice de l’Établissement qui invite à une prise de conscience, de la part des résidents, de l’impact d’un délit dans la collectivité et des problèmes que peut rencontrer ce genre d’organisme œuvrant auprès des victimes. L’exercice consistait donc à poser un geste symbolique de réparation.

Cette démarche s’inscrivait donc très bien dans la mission que s’est donnée le comité de justice réparatrice de l’Établissement de la Macaza. Nous en profitions pour vous rappeler notre définition de la justice réparatrice. C’est l’espace créé afin de rétablir les liens sociaux, humains et spirituels, là où il y a eu offenses et délits. Elle tend vers la communauté fondée sur le respect et la dignité de chaque personne, particulièrement de la personne blessée. La justice réparatrice exige la volonté de regarder ses propres erreurs et le désir profond de panser/penser la société.

La prise de conscience de la blessure de l’autre et la recherche sincère d’un geste de réparation contribuent grandement à une démarche authentique de justice réparatrice. Il sera infiniment plus rentable pour tous de créer un pont afin de favoriser la guérison au lieu d’ériger d’autres murs.