Revue Porte Ouverte

La Loi sur le système correctionnel du Québec, trois ans plus tard...

Par Josée Rioux,
Présidente de l’ASRSQ

Cent fois sur le métier nous remettrons notre ouvrage

J’avais terminé mon Mot de la présidente du numéro spécial sur la Loi sur le système correctionnel du Québec, en 2007, avec un message d’espoir et de confiance dans un esprit où les négociations avec les Services correctionnels du Québec représentaient une « nouvelle façon de travailler ensemble », mais qu’il fallait rester vigilant sur le travail à accomplir… Je terminais cet éditorial en disant « Si je me fie à l’esprit ayant régné tout au long des négociations entre la DGSC et le réseau communautaire, je suis très confiante que les liens de partenariat entre nous ne pourront que se renforcer au cours des prochaines années. Une des leçons qu’il faut tirer de cette aventure, c’est qu’il ne faut jamais se décourager ».

Deux pas en avant… Trois pas en arrière. Tant qu’à y être… restons sur place. Voici comment je pourrais résumer ces trois dernières années au niveau des liens et des négociations avec les SCQ.

L’ASRSQ et ses représentants aux différents comités de travail ont eu à faire face à de nombreuses rencontres difficiles où tous sont sortis avec une pression plus haute qu’au début de l’implantation de la Loi. Le comité principal de suivi, composé de Daniel Bellemare, directeur général de Maison Radisson, Marc Meloche, directeur général de Transition Centre-Sud, et Patrick Altimas, directeur général de l’ASRSQ, ont mis énormément de temps et d’énergie à essayer de faire respecter l’esprit du partenariat qui les animait depuis le tout début du processus d’implantation de la Loi. Celui-ci semblait s’effriter graduellement au cours de la dernière année. Que de visages rouges Patrick a dû contrôler… Nous en sommes même venus, à un certain moment, à douter des volontés ministérielles sur ces ententes de partenariat. Pourtant, le sous-ministre associé du temps où la Loi fut mise en vigueur, maître Jean Lortie disait : « Cette contribution des organismes communautaires vient traduire le principe de complémentarité inscrit dans la nouvelle philosophie d’intervention en matière de réinsertion sociale des SCQ ». Nous sommes encore à l’étape, si je peux dire, de la « traduction ». Comme disait si bien Gilles Soucy, il s’agit d’un « work in progress ».

L’expérience acquise durant les trois premières années d’implantation a permis d’identifier plusieurs difficultés dans la « traduction » de ce fameux principe de complémentarité ainsi que les enjeux liés au fait de confier plus de 7 000 dossiers de suivi dans la communauté à des organismes communautaires. Rajouté à cela, une nouvelle façon d’évaluer la clientèle et de définir les standards de suivi, et ce n’est pas surprenant que nos membres aient senti le besoin de se réunir à plusieurs occasions durant la dernière année. Ces rencontres auront permis de démontrer comment le réseau communautaire est capable de solidarité, de loyauté et d’engagement les uns envers les autres tout en maintenant un haut degré de professionnalisme et un souci inébranlable de la sécurité publique.

NOTRE réseau a su surmonter, dans un esprit d’engagement envers sa clientèle, ses partenaires et les citoyens des différentes communautés où s’inscrivent les organismes communautaires, les écueils mis sur son chemin, parfois dans le cadre de liens difficiles à établir et à maintenir avec les SCQ. Et malgré tout, tous les intervenants sont fiers et conscients de leur valeur et de leur compétence dans l’application des mesures contenues dans la Loi. Notre réseau est fort et très organisé, beaucoup de personnes auraient intérêt à y prendre exemple.

Il est difficile de prédire comment les négociations et les relations se développeront au cours de la prochaine année, en particulier étant donné les nombreux changements de personnel dans les réseaux correctionnels provoqués, entre autres, par les départs à la retraite. De plus, pour la troisième fois depuis l’implantation de la LSCQ le 5 février 2007, nous assistons à un changement au poste de sous-ministre associé. Souhaitons que nous puissions, lors du prochain bilan, le faire avec la même personne qui occupe ce poste stratégique et important. Et, comme la dernière fois, je répète qu’il ne faut surtout pas se décourager et j’ajoute qu’il faut regarder devant nous et non derrière.