Revue Porte Ouverte

La (ré)intégration sociale et communautaire

Par François Bérard,
Responsable du comité politique de l'ASRSQ

Pour la réintégration sociale et communautaire

La réinsertion sociale est une notion très présente dans notre domaine d'intervention. Mais qu'elle est sa portée? Quel est son sens? Quelle importance a-t-elle? Tel était souvent le genre de questions auquel le Comité politique de l'ASRSQ avait à faire face dans le cadre de ses travaux. En effet, la notion de réinsertion sociale se retrouve au cœur de plusieurs enjeux tant en matière de justice criminelle qu'en matière d'intervention correctionnelle. Or, l'ASRSQ n'avait pas de position officielle à ce sujet. D'où l'intérêt pour notre comité de lui en proposer une avec laquelle elle se sentirait confortable. C'est de celle-ci dont nous voulons brièvement vous parler ici.

Avoir un concept qui dit bien ce qu'on veut nommer, tel était notre premier défi. Constatant le caractère trop restrictif de la notion de réinsertion sociale, nous avons cherché un concept plus en phase avec notre vision des choses. Le concept de (ré) intégration sociale et communautaire nous est alors apparu comme étant le plus susceptible de répondre à nos attentes. Pour nous, il l'est parce qu'il permet de tenir compte à la fois de : 1- la réalité de personnes contrevenantes qui n'ont jamais vraiment fait partie de la société et de la communauté; 2- de la réalité de celles qui doivent s'y intégrer à nouveau après avoir passé un certain laps de temps en détention. Il est aussi des plus pertinent parce qu'il nous donne l'opportunité de viser plus loin que la simple réinsertion, cette dernière étant souvent une étape intermédiaire dans la réalisation d'un processus d'intégration. Il est enfin des plus à propos parce qu'il ouvre la porte à une perspective d'action plus large en faisant référence autant à la dimension sociale qu'à la dimension communautaire de ce même processus. Ce faisant, on s'assure alors de tenir compte de tous les facteurs qui peuvent avoir conduit une personne à commettre un délit.

Notre deuxième défi consistait à revenir à l'idée de base derrière la notion de réinsertion sociale. En effet, nous avons observé que ce concept avait été souvent dénaturé. Ainsi, il fut une époque où un des hauts responsables d'un service correctionnel se plaisait à dire que la réinsertion sociale signifiait pour lui qu'une personne contrevenante ne se trouvait tout simplement pas en détention. Un membre de notre association lui avait alors demandé si on pouvait considérer les personnes itinérantes comme étant insérées socialement… Les mots ayant un sens, il importait de revenir au sens original de ceux-ci. D'où l'importance que nous avons accordé au fait de bien préciser la signification que l'ASRSQ donne à la notion de (ré) intégration sociale et communautaire.

Notre troisième défi était lié à notre désir de faire en sorte que tant l'ASRSQ que ses membres en profitent pour renouer avec leurs racines communautaires. Non seulement la prise de position de l'ASRSQ en matière de (ré) intégration sociale et communautaire leur permet maintenant de prendre une distance critique par rapport à un discours galvaudé et face à une vision réductrice de leurs activités. Elle leur fournit aussi l'occasion à la fois de consolider leurs bases de travail et d'élargir leur champ d'action.

Souhaitons que la lecture de cette prise de position vous conduira à voir sous un jour nouveau un des objectifs fondamentaux d'une intervention correctionnelle de qualité. S'il vous fait partager notre conviction que la (ré) intégration sociale et communautaire devrait être le socle de la réhabilitation des personnes contrevenantes, alors nous aurons gagné notre pari.