Revue Porte Ouverte

Les ressources humaines dans les organismes communautaires

Par Élise Lemaire,
Centre St-Pierre

et Steeve Dupuis,
Centre St-Pierre

La relève dans les organismes communautaires

De plus en plus, les organismes communautaires se préoccupent de la relève dans un contexte de profonde modification, d’expansion et de transformation du marché du travail et de la main-d’oeuvre. Plusieurs questions et inquiétudes sont soulevées concernant leur pérennité et d’autres sont reliées à l’organisation.Pour le Centre St-Pierre, cette préoccupation s’est d’abord traduite par une recherche exploratoire1 publiée en 2006 sur le renouvellement des équipes de travail par l’intégration des jeunes. À la suite de cette recherche, nous souhaitions entendre et sensibiliser les organismes communautaires sur l’importance de la relève. L’exercice a donné lieu, au printemps 2008, à une tournée dans 15 régions du Québec. Plus de 450 personnes provenant de 380 groupes ont participé aux activités de réflexion dans le cadre de cette tournée.

Les principales difficultés exprimées par les groupes pendant cette tournée sont de quatre ordres : 1) le contexte économique et social rendant le recrutement et la rétention très difficiles; 2) le manque de formation et la rareté des ressources humaines et financières; 3) la non-reconnaissance du travail réalisé par les organismes et la méconnaissance du milieu communautaire par les personnes que l’on cherche à recruter; 4) les problèmes organisationnels qui se traduisent notamment par un perpétuel recrutement et renouvellement de l’équipe de travail, par de mauvaises conditions de travail et par l’absence de planification de la relève.

De plus, considérant la pénurie de main-d’oeuvre, une grande inquiétude est ressentie face au vieillissement de leurs employés et à la retraite prochaine des personnes fondatrices (souvent gestionnaires).

Aujourd’hui, de nombreux organismes communautaires constatent qu’ils sont méconnus de la population et de la relève potentielle, et ce, même si de nombreuses stratégies ont été développées.

L’amélioration du financement, des conditions de travail, du fonctionnement de l’organisation et de sa (re)connaissance sont les principales préoccupations. Les groupes aimeraient alléger les tâches, offrir de meilleurs salaires, plus de formation, de soutien et d’ouverture à la conciliation travail-vie personnelle pour une plus grande satisfaction au travail et une meilleure rétention. La solution repose donc en bonne partie sur l’amélioration du financement, de sorte qu’il soit plus important et stable. En ce qui concerne la reconnaissance de leur mission, du travail et des compétences des ressources humaines, elle passe par une meilleure connaissance et visibilité des organismes en faisant valoir leur spécificité et leur importance dans le développement d’une communauté.

Plusieurs défis se présentent selon les participants et participantes à la tournée. L’ensemble des organismes a exprimé le besoin de se recentrer sur leur mission et leur raison d’être. Ils consacrent énormément de temps à assurer la survie financière et la gestion. La situation de pénurie de main-d’oeuvre appelle une action en termes de planification de la relève et de mise en valeur de l’organisme tant auprès de la population que des personnes qu’elle veut recruter. Il faut plus que jamais innover, faire preuve d’ouverture et améliorer les conditions de travail. Ils constatent également de l’essoufflement chez les bénévoles et éprouvent de la difficulté à renouveler les effectifs. Les organismes souhaitent changer l’image du bénévolat pour mettre de l’avant l’action citoyenne en faveur du développement d’une communauté.

Les pistes d’action sont nombreuses et les organisations ne sont pas sans ressources face à ces problématiques. Le pouvoir d’attraction du milieu communautaire repose sur la mobilisation, ses valeurs et sur sa capacité à susciter l’intérêt des personnes.

Aujourd’hui, de nombreux organismes communautaires constatent qu’ils sont méconnus de la population et de la relève potentielle, et ce, même si de nombreuses stratégies ont été développées. Si le recrutement de la prochaine génération passe nécessairement par la visibilité et une bonne promotion, ceci implique notamment un certain nombre de changements : aller au-devant de la relève, utiliser les nouvelles technologies, travailler de concert avec d’autres organismes, explorer de nouveaux bassins et revoir nos attentes et exigences.

Pour être un milieu vivant, passionnant et stimulant, il faut que chacun ait une place pour s’accomplir tout en contribuant à redéfinir l’organisme et le mouvement communautaire. Cela implique avant tout de l’ouverture face aux nouvelles formes d’engagement et une volonté d’établir un dialogue entre les différentes générations.

À la suite de la tournée sur la relève, le Centre St-Pierre a lancé récemment la Boîte à outils sur la relève des travailleurs et travailleuses dans les organismes communautaires. Dans cet ouvrage, on retrouve différents outils, pistes d’action et des pratiques inspirantes pour nourrir le dynamisme des organismes. Sous forme de CD-ROM, elle comprend des guides d’animation, des exercices, des documents de recherche, des références, des témoignages et des documents audiovisuels. Vous pouvez vous la procurer au coût de 30$ au 514 524-3561.


1 Centre St-Pierre. Les jeunes dans les groupes communautaires : une question de relève ? www.centrestpierre.org