Revue Porte Ouverte

Travaux compensatoires et pauvreté

Par Le Collectif pour un Québec sans pauvreté

Un chemin de dignité : Sortir de la pauvreté

La pauvreté est un obstacle aux droits humains. Les nations du monde se sont unies pour proclamer la Déclaration universelle des droits de l’homme et pour préciser certains de ces droits dans le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC).

Cela peut sembler très éloigné de notre vie quotidienne, et pourtant c’est au cœur de ce que tant de personnes vivent. Les privations, l’exclusion, la frustration d’être stigmatisé, la colère ou la honte : comment donner un coup de barre dans sa vie, comment se sortir d’une situation insatisfaisante quand les difficultés s’accumulent?

Dès qu’elles prennent la parole, les personnes en situation de pauvreté témoignent de leurs expériences, de leur bataille pour une vie meilleure, des obstacles qu’elles rencontrent. Elles disent comment la pauvreté les maintient dans l’insécurité et dans l’impossibilité de faire des projets.

Elles expriment leur souhait profond d’une vie meilleure : «Arrêter de survivre! Vivre avec plus de pouvoir sur sa vie pour développer son plein potentiel, être reconnu comme citoyen et citoyenne en participant activement au mieux-être de sa communauté. (1)»

L’expérience du processus judiciaire, la sentence et les travaux dans la communauté sont autant d’étapes difficiles où une personne risque de s’éloigner de plus en plus de la société, de vivre une plus grande exclusion. Il peut aussi arriver que cette personne fasse l’expérience positive d’être accueillie et intégrée, et de recevoir du soutien pour ses projets de vie. Encore faut-il que ses conditions d’existence lui permettent de marcher dans ce chemin de dignité, de retrouver «autonomie, fierté personnelle, confiance en soi.» «Il faut arrêter d’avoir peur de manquer de l’essentiel pour vivre.»

Trop de familles, encore plus de personnes seules, vivent au Québec dans des conditions de pauvreté, parfois dans une très grande situation de manque. Environ une personne sur dix vit en situation de pauvreté; chez les personnes seules, c’est presque trois personnes sur dix. L’aide sociale pour les personnes seules dites aptes à l’emploi ne procure que la moitié du revenu nécessaire pour les besoins essentiels. Or toute personne a droit à des conditions de vie dignes, et même à une amélioration continuelle de ses conditions de vie. C’est cela que proclame le PIDESC. Les états signataires, dont le Québec, ont ainsi l’obligation de travailler à la réalisation de ce droit. C’est en toute fierté que la population peut revendiquer ces conditions meilleures.

En effet, c’est le travail de toute la population qui permet la croissance économique. Et pourtant, depuis 25 ans, malgré une croissance économique marquée, les plus pauvres se sont appauvris de 3 %, tandis que les plus riches se sont enrichis de 16 %. Les écarts grandissent entre riches et pauvres. Il faut trouver les moyens de freiner cette tendance et d’assurer une meilleure répartition de la richesse.

Avec des milliers de personnes et de groupes au Québec, le Collectif pour un Québec sans pauvreté a identifié trois domaines où des actions s’imposent de la part de la société et de l’État :

Une hausse substantielle des protections publiques afin de couvrir les besoins essentiels des personnes; en clair, cela signifie entre autres d’augmenter l’aide sociale et l’aide financière aux étudiants à 13 267 $ par année;

Une hausse du salaire minimum afin que le travail permette à une personne de sortir de la pauvreté lorsqu’elle travaille à temps plein; en 2007, cela signifie un salaire de 10,16 $/heure, en 2008 de 10,43 $/heure;

Une garantie de services publics universels et accessibles dans les domaines essentiels pour rester à l’abri de la pauvreté et jouir collectivement d’une qualité de vie.

Ces trois revendications sont au cœur de la campagne Mission collective : bâtir un Québec sans pauvreté, que le Collectif a lancée au Québec en novembre dernier; pendant un an, une pétition circulera au Québec pour recueillir l’appui de la population. Participer à cette campagne et signer la pétition, c’est poser un geste citoyen dans la longue lutte pour éliminer la pauvreté au Québec. C’est demander la réalisation effective de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui dit que le Québec doit devenir d’ici 2013 une des nations industrialisées où il y a le moins de personnes pauvres. C’est se solidariser avec les mouvements sociaux engagés dans la visée d’un monde meilleur, plus juste, où les droits humains sont vraiment reconnus.

Pour en savoir plus sur le Collectif, la campagne de signature ou la situation de la pauvreté au Québec, consultez le www.pauvrete.qc.ca.


(1) Les citations proviennent de participants à une démarche d’animation du Collectif pour un Québec sans pauvreté disponible sur notre site internet.