Revue Porte Ouverte

50 ans d'implication

Par François Bérard,
M.Sc., criminologue, responsable du Comité politique de l'ASRSQ

Comité politique de l'ASRSQ

L'ASRSQ représente un ensemble d'organismes communautaires qui ont un point de vue progressiste original sur les questions de la prévention de la délinquance, de l'administration de la justice et de l'intervention correctionnelle. Son opinion s'appuie donc sur l'expérience terrain d'un mouvement qui a plus d'un demi-siècle d'existence au Québec.

Pour les membres de l'ASRSQ, le Comité politique de celle-ci a une importance névralgique. En effet, il leur permet d'exprimer leur point de vue collectif sur différents sujets qui les concernent. Il leur donne aussi l'opportunité de pouvoir rallier la population à celui-ci. Par conséquent, il contribue à la création d'un contexte d'action commun pouvant faciliter la réalisation de leur mission respective.

Le Comité politique relève du Conseil d'administration de l'ASRSQ. Pour l'essentiel, il a pour mandats de préparer, de présenter et de « faire passer » le point de vue de l'Association sur différents sujets de nature politique la concernant. Il est appelé à se pencher sur des dossiers de juridictions tant canadienne que québécoise.

Pour agir, le Comité se fonde sur la philosophie de l'ASRSQ. Il compte ensuite sur l'expertise des membres de l'Association ainsi que sur la sagesse et le sens stratégique des personnes qui participent à ses activités. Par ailleurs, il n'hésite pas à aller chercher le point de vue de chercheurs afin de mieux saisir les enjeux sous-jacents à des questions plus spécifiques. Il cherche enfin à établir des liens avec d'autres organisations afin de favoriser le partage des points de vue et faciliter un travail de collaboration.

Actuellement, le Comité oeuvre dans un contexte inédit. Du côté québécois, il observe une période d'accalmie. En effet, le gouvernement du Québec semble continuer sur son erre d'aller en matière de lutte à la délinquance. Au plan correctionnel, il poursuit l'implantation de la nouvelle Loi sur le Système correctionnel du Québec. Pour l'instant, cela n'interpelle pas le Comité politique. Du côté canadien, le gouvernement fédéral fait flèche de tout bois et ce, tout en se montrant peu ou pas réceptif aux points de vue différents du sien.

Dans ce contexte, on peut comprendre que le Comité s'est surtout penché sur des sujets relevant de la compétence du gouvernement canadien. Nous pensons ici notamment aux travaux de la Chambre des communes et/ou du Sénat sur les questions suivantes : pensions pouvant être octroyées à des personnes détenues, révision judiciaire, pardon, examen expéditif, frais associés à l'étude des demandes de pardon et projet de loi omnibus (C-10).

Pour l'avenir prévisible, le Comité aura plusieurs défis à relever. Sur le fond, il devra tout d'abord élaborer une solide argumentation quant à la façon de traiter les problématiques de délinquance sexuelle. Il semble clair que celles-ci servent souvent de cheval de Troie pour faciliter l'introduction de mesures répressives s'adressant à un bassin beaucoup plus large de clientèles. Par ailleurs, le remplacement potentiel de la libération d'office par une formule de « libération méritée » devrait aussi retenir l'attention du Comité. Pour lui, ce remplacement devrait avoir des effets considérables sur le processus de réinsertion sociale de milliers de personnes détenues. Par ailleurs, le Comité aura d'importants défis à relever en ce qui concerne le travail de conviction à faire tant auprès du public que des élus. Non seulement il aura à faciliter le travail de l'ASRSQ en cette matière, mais il aura aussi à veiller à ce que l'ASRSQ puisse rassembler les forces progressistes de son domaine d'activités autour des propositions qu'elle met de l'avant.

En terminant, certains pourraient se demander pourquoi le Comité politique de l'ASRSQ entend s'activer autant face à un gouvernement qui semble, a priori, aussi peu ouvert aux orientations proposées par l'ASRSQ? C'est une question que le Comité s'est également posée. À cela, il a rapidement répondu que la politique de la « chaise vide » serait des plus néfastes. En effet, elle laisserait entendre au public que les membres de l'Association sont en accord avec les politiques répressives du gouvernement. Or, tel n'est pas le cas. En ce sens, le public mérite de connaître notre position afin de se faire une opinion plus juste à ce propos. Même si cela peut paraître ingrat à l'heure actuelle, il s'agit ici de revenir à l'essence de la démocratie qui consiste à faire appel à l'intelligence des citoyens en leur fournissant une information et des arguments de qualité. Ce faisant, nous contribuons ainsi à favoriser une réflexion publique pouvant amener l'élaboration de nouvelles politiques. Certes, il s'agit d'un travail de longue haleine, mais il n'est pas impossible à réaliser, comme en témoigne l'Histoire.