Revue Porte Ouverte

50 ans d'implication

Par Jean-François Cusson,
M.Sc., criminologue, collaborateur de l'ASRSQ

50 ans et toujours dans le vent!

La vie est ponctuée de hasards un peu curieux. Le dernier Porte ouverte dont j'ai assuré la coordination invitait le lecteur à repenser le Service correctionnel du Canada. Le numéro n'était même pas publié que je me retrouvais au SCC. Trois ans plus tard, me voilà invité par l'ASRSQ à jouer le rôle de rédacteur invité et à collaborer à ce numéro unique visant à souligner le 50e anniversaire de l'Association. Quel plaisir!

Quand je pense au Porte ouverte, je ne peux passer sous silence toute l'influence qu'a eue sur moi Geneviève Tavernier qui a été membre pendant de nombreuses années du conseil d'administration du Joins-Toi et de l'ASRSQ. Décédée en 2003, Geneviève était une bénévole engagée et acharnée. Elle avait su mettre son empreinte sur le Porte ouverte, notamment avec ses Réflexions de profanes qui ne manquaient jamais d'exprimer les travers de notre système pénal et correctionnel pas toujours sensibles à la réalité humaine que nous côtoyons au quotidien.

Quelques souvenirs de Porte ouverte

Je n'ai jamais caché que la coordination du Porte ouverte était un de mes dossiers préférés. Une telle publication demeure toujours un excellent prétexte afin de faire des rencontres de toutes sortes et pour créer des liens avec diverses organisations. Rejoindre un nombre impressionnant d'abonnés intéressés à la justice pénale et à la réinsertion sociale permet d'aller à la rencontre d'intervenants, de chercheurs, de dirigeants, de délinquants et même de politiciens. Que de belles opportunités!

Des souvenirs attachés au Porte ouverte, il y en a plusieurs. À mes yeux, les numéros portant sur la justice réparatrice, la privatisation des prisons et le casier judiciaire demeureront des classiques qui ont su devenir des références. Je me souviens aussi de cette entrevue avec le criminologue Maurice Cusson qui m'avait alors surpris avec un plaidoyer bien senti au sujet de la réinsertion sociale et des libérations conditionnelles. Je me souviens d'avoir réécouté l'enregistrement plusieurs fois, juste pour être certain de ne pas mal le citer…

Une grande confiance

Installé dans la salle de réunion afin de préparer ce numéro avec Éloïse, Émilie, Manon et Patrick, j'ai immédiatement ressenti le même sentiment de confiance dont j'ai toujours été habité lors de mes dix années passées à l'ASRSQ. Cette confiance que m'ont portée le conseil d'administration, la direction et les membres a été une extraordinaire motivation et une très grande fierté. À cet effet, laissez-moi partager avec vous un souvenir impérissable. Étant encore à l'université, l'ASRSQ m'avait confié la réalisation d'un travail de recherche au sujet des travaux compensatoires et ce, afin de soutenir la réflexion des membres. Quelques mois plus tard, je me retrouvais avec quelques collègues en pleine commission parlementaire afin de présenter les recommandations de l'ASRSQ et du Regroupement des organismes communautaires de référence du Québec (ROCRQ). Le ministre de la Sécurité publique de l'époque, M. Serge Ménard, avait spontanément affirmé que notre raisonnement faisait sens. Il se disait même prêt à accepter certaines de nos recommandations sur-le-champ et ce, au grand désarroi de ceux qui ne partageaient pas notre point de vue. C'est aussi avec un certain frisson que je me rappelle de la mêlée de presse qui a eu lieu après notre comparution lors de laquelle les journalistes se sont rués sur nous afin d'obtenir nos déclarations. Des gains tangibles ont découlé de cette comparution qui demeurera un moment marquant de ma carrière. La confiance, vous dites? Je ne suis pas certain que bien des organisations auraient confié à un jeune universitaire sans beaucoup d'expérience une telle mission!

Une mission toujours d'actualité

L'ASRSQ a toujours été un endroit des plus stimulants qui favorise le choc des idées. C'est ce qui permet d'expliquer combien il a toujours été agréable de travailler au sein d'un tel réseau où l'on sent des convictions profondes liées à la capacité de changement de chacun et à l'importance de la réinsertion sociale.

Au sein du réseau de l'ASRSQ, on retrouve un grand nombre de professionnels engagés au mieux-être de nos collectivités. Ce sont des gens d'une grande compétence qui sont aussi de véritables ambassadeurs de la réinsertion sociale. Cependant, la véritable empreinte que l'ASRSQ m'a laissée est celle de l'importance du rôle des citoyens. Si ces derniers ne sont disposés à accueillir ceux et celles qui vivent une démarche de réinsertion sociale, notre action n'aura plus de sens.

Gardons confiance en la capacité de la communauté de prendre en charge les différents problèmes reliés à la justice. Continuons de promouvoir la participation des citoyens et des organismes communautaires dans les domaines de la prévention de la criminalité et de la réinsertion sociale des personnes délinquantes adultes. Continuons de viser l'amélioration de la justice traitant de la délinquance. Pourquoi? Parce que ça fonctionne. Répandez le mot autour de vous!