C’est avec plaisir que nous vous présentons notre dernier-né : le programme « Mirage ». Ce frontispice est révélateur. Le mot lui-même peut être interprété de différentes façons : apparence trompeuse, illusion, faux-semblant, tromperie. Si l’on transpose le tout au niveau de l’agir illégal, on pourrait dire que ce sont en quelque sorte certaines des « conditions » sine qua non à une fraude.
Mirage a été développé en collaboration avec le Ministère de la Sécurité publique pour la clientèle reconnue coupable de fraudes que nous avons en commun. Ce projet est novateur, car à notre connaissance, il n’existe aucun programme de groupe au Québec qui s’adresse aux personnes fraudeuses, bien que ce genre de délit est loin d’être en voie de disparition.
Les fraudeurs apparaissent hermétiques à l’intervention, peu motivés au changement et enclins à récidiver.
Réinsertion sociale de femmes et d'hommes délinquants
Au cours de l’élaboration du programme Mirage, les différents intervenants consultés (agents de probation, agents de surveillance, cadres dans les ressources d’hébergement pour délinquants, professeurs et chercheurs qui s’intéressent aux fraudeurs, etc.) étaient unanimes : les clients ayant une criminalité structurée dirigée vers la fraude représentent un défi de taille pour les professionnels. Bien que l’intelligence de ces délinquants soit habituellement supérieure à la moyenne et qu’aucun problème de santé mentale ne freine leur cheminement, les fraudeurs apparaissent hermétiques à l’intervention, peu motivés au changement et enclins à récidiver. Ils affi chent une personnalité empruntée ; de fait, peu d’intervenants peuvent affi rmer que ces clients sont sincères et authentiques dans leur discours. Dans le même ordre d’idées, nous retrouvons également le fraudeur de « plus petite envergure », celui dont la criminalité est moins structurée, mais tout aussi récurrente : ce type de clientèle est aussi fréquent dans nos milieux de travail et génère tout autant d’énergies dans l’intervention.
Dans ce rigoureux travail d’élaboration, nous avons fait appel à plusieurs spécialistes de la délinquance, tous chercheurs et professeurs dans différentes universités québécoises. En plus de notre expérience clinique, nous avons épluché des dossiers fédéraux et provinciaux et avons fait ressortir des constantes quant à la personnalité des personnes qui ont commis des fraudes. Un portrait de leurs principales caractéristiques a ainsi pu être brossé. C’est donc à la lumière de ces caractéristiques que nous avons développé Mirage, dans l’optique d’offrir des outils d’intervention adaptés aux traits de personnalité des fraudeurs. Pour ce faire, nous avons utilisé les théories béhaviorales cognitives ainsi que la recension des écrits sur les fraudeurs.
But du programme
Le but général du programme « Mirage » est de réduire la récidive délinquante des criminels fraudeurs.
« Mirage » poursuit cinq objectifs généraux. Les participants :
- Développeront des rapports authentiques dans leurs relations interpersonnelles ;
- Développeront leur conscience de l’autre ;
- Diminueront leurs comportements manipulateurs ;
- Se conscientiseront quant à leurs comportements criminels ;
- Augmenteront leur malaise quant à leurs comportements criminels.
Ce programme offre une intervention de groupe. Ces groupes sont ouverts, composés de femmes et d’hommes confrontés à l’appareil judiciaire et correctionnel pour des délits de fraude. Le programme débutera dès l’automne 2005.
(1) Cette classification a été élaborée dans le but de simplifier la compréhension du programme et de ses activités.
*Prendre note que la ressource Expansion-femme a fermé ses portes en 2016. Le programme Mirage est maintenant offert par RÉHAB.
