Revue Porte Ouverte

Regards croisés autour des pratiques d'intervention communautaire

Par Jean-Pierre Piché,
Président du CRC Le Pavillon, membre du C.A. de l'ASRSQ et responsable du comité de réflexion sur les pratiques d'intervention

Pratiques d'intervention et identité communautaire

Ce numéro spécial de Porte ouverte rend compte des points de vue et des préoccupations exprimés par les membres lors de la journée du 6 novembre 2012 sur différents aspects de l'intervention en milieu communautaire et sur des questions sous-jacentes, dont l'épineux problème de la rétention du personnel. On y trouve également une entrevue avec M. Gaétan Cloutier, ancien directeur général du Service d'aide en prévention de la criminalité à Sherbrooke, portant sur l'évolution des pratiques et l'enracinement dans la communauté. Enfin, on y présente les grandes lignes d'un plan d'action de l'ASRSQ pour donner suite aux recommandations formulées dans le rapport soumis par le comité.

Au sein de l'ASRSQ, quelle que soit l'organisation à laquelle nous appartenons, que nous soyons mandatés légalement pour intervenir auprès d'une personne contrevenante ou que l'on fasse appel à nos services sur une base volontaire, chacun d'entre nous agit dans une perspective de réhabilitation des personnes judiciarisées en vue de leur ré-intégration dans la communauté. C'est là notre dénominateur commun et ce qui motive en grande partie notre adhésion à l'ASRSQ. De la plus modeste à la plus importante en effectifs, chaque organisation membre se trouve donc directement concernée par la question de l'intervention.

La réflexion sur les pratiques d'intervention remonte au tout début de l'existence de l'ASRSQ et n'a eu de cesse, au fil du temps, d'évoluer à travers les échanges avec ses membres. En effet, qu'il s'agisse de la définition de la réhabilitation sociale, du rôle et de la contribution des organismes communautaires, d'apport de la communauté, de méthodes et techniques employées avec les personnes contrevenantes, les pratiques d'intervention suscitent des débats tant à l'intérieur des organisations qu'au sein de l'Association. Les nombreux comités, colloques et articles consacrés à cette question en témoignent.

Chaque occasion de rencontre entre les membres sur des thèmes rattachés aux pratiques d'intervention devient donc une nouvelle opportunité de partage et de revitalisation des modes d'intervention. Puisque nous partageons une conception de la réhabilitation des personnes contrevenantes et que nous sommes conscients de l'importance de travailler avec les communautés, ces rencontres permettent de briser un certain isolement, de consolider les liens entre les organismes, tout en renforçant l'identité communautaire autour de valeurs propres à l'ASRSQ.

La poursuite de cette réflexion s'avère de première importance et représente un volet essentiel de la mission de l'ASRSQ. Elle constitue la pierre angulaire du renforcement de la cohésion entre ses membres autour d'une identité spécifique et de la diffusion de celle-ci auprès des partenaires.

C'est suivant ce même fil conducteur que se tenait le 6 novembre dernier, à Drummondville, une journée d'étude sur le thème des pratiques d'intervention. Cette journée regroupait près d'une centaine de participants et faisait suite au dépôt du rapport d'un comité formé de membres de l'ASRSQ sur le sujet.

Il est bien difficile de traduire en quelques mots l'essentiel de cette journée. Néanmoins, l'enthousiasme, l'intérêt et l'engagement des participants, la qualité des échanges, l'ouverture et un certain réalisme ont assurément marqué les travaux - tant en atelier qu'en plénière - et ont fait de cette rencontre un franc succès. Nous ne pouvons que remercier chaleureusement les membres pour leur participation et réitérer toute l'importance que l'ASRSQ accorde à la question des pratiques d'intervention. D'ailleurs, de manière très concrète, plusieurs des recommandations du comité font d'ores et déjà partie des priorités de travail de l'Association pour lesquels vous serez éventuellement sollicités. En effet, c'est grâce au concours de chacun que la consolidation du caractère spécifique de l'intervention et l'amélioration de la qualité de nos pratiques seront possibles et cela pour le plus grand bénéfice des personnes et des communautés.