Revue Porte Ouverte

Santé mentale et judiciarisation : le grand prix de l’exclusion

Marie Beemans reçoit le prix Reneault-Tremblay Pour son engagement exceptionnel auprès des personnes incarcérées

Marie Beemans s’est vu décerner, au Vieux Clocher de Magog, le Prix Reneault-Tremblay, remis par l’ASRSQ et qui vise à souligner l’engagement unique et exceptionnel d’une personne ou d’un organisme communautaire concernant l’action communautaire en justice pénale, la prévention du crime et la réhabilitation sociale des personnes contrevenantes adultes.

C’est avec un immense plaisir, une grande fierté et beaucoup d’émotions que l’ASRSQ a décerné ce prix à Marie Beemans qui continue de faire preuve d’un engagement exceptionnel auprès des personnes incarcérées.

Marie Beemans est la bénévole par excellence donnant sans chercher à recevoir, ne comptant ni sa peine ni ses sous. Surnommée Ma Dalton, elle est totalement vouée au service des autres. Éprise de liberté et anticonformiste convaincue, elle vole d’un établissement à un autre d’un bout à l’autre de la province, n’hésitant jamais à intervenir tant auprès des médias que des commissions parlementaires. Présente dans toutes les luttes, elle s’est particulièrement démarquée lors de la dernière campagne qui visait à ramener la peine de mort.

Ses premiers contacts avec le monde carcéral à l’âge de 17 ans (elle avait déclaré être plus âgée pour entrer à la prison commune d’Ottawa) l’ont convaincue qu’elle était née dans un monde privilégié : des filles de son âge étaient incarcérées là pour des délits mineurs, poussées par la misère et le manque d’instruction. Elle emploiera tous ses temps libres entre ses cours (et elle en séchera quelques-uns aussi) à tenter d’aider ses nouvelles connaissances. Elle a ensuite ?continué à la Prison des femmes de Kingston. En 1982, elle débutera ses interventions dans les pénitenciers pour hommes, sans pour autant lâcher les femmes. Elle fut aussi présidente du Conseil des Églises pour la justice et la criminologie et membre du conseil d’administration de l’ASRSQ pendant de nombreuses années. Elle a contribué à mettre sur pied le programme Face à face qui permet à des bénévoles de visiter des détenus. Lors de l’année internationale des bénévoles, en 2001, le gouvernement canadien honorait son engagement exemplaire.

De Deux-Montagnes où elle a élevé sa famille, à la rue Kent, à Montréal où elle a résidé quelques années (et où la porte de la maison n’avait pas de clefs, pourquoi verrouiller une porte ?) elle ne compte pas le nombre de personnes de toutes provenances qui ont séjourné chez elle. Pendant de nombreuses années, il ne s’est pas passé une semaine sans qu’elle accueille des personnes en difficulté : réfugiés, enfants, prostituées et ex-détenus. D’ailleurs, depuis 1991 sa maison abrite un foyer d’accueil pour les libérés conditionnels provenant des pénitenciers fédéraux. Deux à trois hommes, sur la fin de lourdes sentences, des cas que les maisons de transition ne peuvent recevoir, arrivent chez Marie qui les aide à trouver une certaine autonomie et ne leur ferme jamais sa porte, même quand leur séjour a pris fin.

Pour toutes ces années d’implication auprès de ceux et celles qu’elle a toujours considérés comme les membres de sa famille élargie, l’ASRSQ estime que Beemans mérite largement de recevoir le Prix Reneault-Tremblay.