Revue Porte Ouverte

La semaine de la réhabilitation sociale

Par Par Caroline Duchesne ,
coordonnatrice Surveillance communautaire

Michelle Octeau,
Conseillère en emploi

et Émilie Altimas,
adjointe administrative et coordonnatrice du Cabaret de la Seconde chance (ASRSQ)

Les nombreux visages de la Maison Radisson inc.

Forte de son expertise en réintégration communautaire, la Maison Radisson inc a vu le jour en 1975 alors qu’une initiative notoire de citoyens de la communauté donnait naissance à un atelier de travail de réinsertion par le travail et un centre résidentiel pour des personnes ayant eu des démêlés avec la justice.  En tant que centre résidentiel communautaire (CRC), notre mission est de favoriser la réinsertion sociale en offrant des services et programmes adaptés aux personnes judiciarisées ou non, de réduire la détresse humaine et permettre à ces personnes de retrouver leur dignité.

Plusieurs types de services sont offerts à notre ressource notamment, le service d’hébergement, où une capacité de 40 hommes, référés par les Services Correctionnels du Canada et du Québec, peuvent être accueillis pour une durée variable en fonction de leur encadrement et de leurs objectifs personnels.  Le but de ce service est d’offrir un encadrement qui permettra au résidant de développer l’équilibre des différentes sphères de vie, entre autres, aux niveaux financier, intellectuel, familial, social et spirituel.

De surcroît, plusieurs programmes spécialisés sont également offerts à la population :

· Le programme de Surveillance communautaire s’adresse  aux  contrevenants/es   adultes   référés par les Services Correctionnels du Québec. Nous utilisons une approche d’intervention de type milieu, orientation vers les ressources existantes pour la clientèle, encadrement légal et suivi clinique. Par la spécificité de notre approche, nous visons à favoriser la réinsertion et l’orientation de la clientèle en exploitant leur potentiel de changement.

· Le programme de Gestion Des Comportements Violents (PGCV) est offert, par le biais d’un suivi individuel et de groupe, à des personnes judiciarisées ayant des problèmes de violence psychologique, physique, économique ou verbale, référés par le Service Correctionnel du Canada et les Services correctionnels du Québec ou autres ressources communautaires. communautaires. Le programme est aussi offert à toute personne n’ayant pas de casier judiciaire qui désire faire un cheminement personnel sur une base volontaire.

· Le programme Gestion et Encadrement de la Délinquance Sexuelle (GEDS), accueille des personnes judiciarisées ou non masculines adultes ayant des comportements déviants et /ou abusifs et  qui qui désirent faire un cheminement personnel dans le but de reprendre le contrôle de leur sexualité tout en s’harmonisant au milieu de vie.

· Le Programme d’Accompagnement Individualisé et Communautaire (PAIC) répond à un besoin de réadaptation et de réinsertion sociale en offrant une formation individualisée permettant une démarche d’acquisition et de conservation de nouvelles connaissances.

· Le programme Père-Enfant a pour but de maintenir et de renforcer les liens entre les pères détenus et leurs enfants. Le programme s’inscrit dans une perspective éco systémique qui considère l’ensemble des différents milieux du père et de l’enfant. Il s’inspire également du modèle de la prévention de promotion de la santé des populations.

· Le Service d’Intégration à l’Emploi de Radisson (SIER) dessert des services à toutes personnes judiciarisées ou toxicomanes adultes qui rencontrent des problèmes d’intégration en emploi. Une approche individuelle,  le  volet   préparatoire  à l’emploi (PPE) en groupe ainsi que le service d’employabilité en détention ne sont que quelques- unes des possibilités.

Face à l’employabilité, le retour à l’emploi fait partie du processus plus global de réinsertion sociale pour les personnes judiciarisées et/ou toxicomanes. Plusieurs de nos participants partent de très loin, soit parce qu’ils n’ont jamais travaillé, ou parce que leur CV affiche de longues périodes d’absence du marché du travail. C’est en cernant les obstacles  à l’emploi  que nous arrivons à bien les accompagner dans un plan  d’action  qui  leur est propre. Certes, le dossier judiciaire peut être  un obstacle important pour l’emploi, mais parfois d’autres  enjeux  peuvent  faire  leur  apparition  tels que : les attitudes et les comportements, les relations face à l’autorité et la gestion des émotions, la colère et l’anxiété.

Nous les amenons à travailler sur ces aspects,  et ce, par petits pas. C’est comme dire qu’un «éléphant se mange par petites bouchées»! On procède par étapes, en commençant par la connaissance de soi, et toutes les étapes, une à la fois, qui permettent de régler les démarches. En connaissant bien les sphères de vie, on amène aussi la personne à s’occuper de sa santé,  de  ses finances, de son réseau de soutien, de ses besoins l’amenons à sortir de  sa  zone  de  confort,  non sans peurs et appréhensions. Comme intervenants, nous sommes souvent confrontés aux limites que présentent ces personnes : un éloignement plus grand, de plus grands besoins, des problématiques connexes (santé mentale, toxicomanie). Et parfois, force est de constater qu’il faut reculer pour mieux avancer. En suivant le rythme, nous parvenons à amorcer le changement, prévenir la récidive et rechute.

Un autre défi important de la réinsertion sociale est celui du marché du travail lui-même. Alors que nous faisons face à une pénurie de main d’œuvre dans tous les secteurs d’activité, nous démarchons auprès des entreprises pour favoriser  une plus grande  ouverture  à  donner  la  chance  aux  personnes  judiciarisées.   Un travail de démystification colossal doit être fait pour abaisser les préjugés face à ces personnes qui, marginales et marginalisées, sont perçues comme de moins bons travailleurs. De plus en plus, les employeurs prennent conscience que les personnes judiciarisées et/ou toxicomanes sont également des travailleurs compétents et qui ont grandement cheminé par le biais de nos services. Toutefois, des préjugés demeurent, surtout quand les délits confrontent les valeurs plus personnelles des gens. Nos interventions permettent d’éduquer ces employeurs, les rassurer et leur offrir notre soutien tout au long du processus et même après.

Pour ainsi dire, la réussite  de  la  réinsertion  sociale est aussi rendue possible par ce travail de partenariat que nous réalisons avec les employeurs. Développer de nouveaux liens et tisser de bonnes collaborations fait partie  du mandat de notre ressource, parce que   la démarche d’emploi va bien au-delà du simple placement en emploi ! Il s’agit aussi de favoriser le maintien à moyen et à long terme, et c’est là que notre travail prend toute son importance : suivi, soutien ponctuel, poursuite du coaching. D’ailleurs, lorsque les employeurs adhèrent à cette philosophie, nous sommes plus à même de les guider eux aussi, afin de favoriser la rétention de leur main d’œuvre en emploi. En bref, c’est un travail d’équipe, où la personne est placée au cœur des préoccupations.